Je claudique en direction de la chambre de ma fille. Je suis sorti aussi sec et tant pis pour les bandages. Je me suis réveillé en panique. J’avais l’impression d’être isolé, entouré de zombies qui raclaient de leurs doigts et de leurs ongles les fenêtres de la case, jusqu’à m’en rendre fou. Je me suis réveillé en sueur, malade, nauséeux, et ma première pensée a été pour ma petite. Je sais que ces endroits de villégiature tels qu’ils ont été prévus à l’origine ne sont pas prévus pour plusieurs personnes, en tout cas pas pour plus que des couples. Je me précipite comme je peux, à peine capable de marcher. J’ai conscience que des regards se posent sur moi alors que je traverse le camp comme un furieux, sans me laisser arrêter ni par la douleur dans ma poitrine et mon épaule, ni par le souffle qui me manque terriblement. Je pousse la porte de son petit mobil home. L’un de nous devrait surveiller sa porte ! Je suis furieux, mais je suis trop pressé, trop angoissé, pour attendre ou pour hurler à la cantonnade. De toute façon, j’appellerais peut être des zombies sur nous. Je trébuche à moitié en entrant, haletant, déjà couvert de sueur alors que je n’ai fait que quelques mètres. Un bandage qui me contraint l’épaule m’agace déjà et je peste, dents serrées, contre la bêtise, la malchance et cette salope de vie. Je trébuche mais je reprends doucement mon souffle et mon équilibre. J’entre dans la pièce.
Et la découvre.
Couchée dans un lit deux places. Il n’y a aucun signe de Laila. Bordel de merde, qu’est ce qu’il se passe maintenant ? Peu importe. Je titube jusqu’à son chevet. Des gens sont venus la veiller. Elle dort. Le visage tuméfié, les lèvres meurtries. Elle a l’air si paisible quand elle dort. Je soupçonne notre chirurgienne d’avoir fait en sorte de lui permettre de survivre en utilisant généreusement le stock de produits dont on disposait jusque là. Je m’en tape, pourvu qu’elle survive. Seigneur, tous les événements de ces derniers temps m’oppressent, se bousculent dans ma tête, me rendent fou. Je m’asseois, comme frappé par la foudre alors que je vois ma petite, ma chérie, ma toute petite fille, ainsi endormie, à moitié assommée sans doute. Je me sens cruellement touché, atteint. Comme si à chaque fois que ça allait mieux la vie reprenait la main tendue et me l’envoyait en pleine gueule. D’habitude, ce n’était que des gifles. Relativement légères. Supportables, même si cela épuisait. Là c’était plus fort que jamais. Je la regarde. Je réprime un haut-le-cœur. J’ai envie de hurler. Des larmes amères me brûlent les yeux. Putain de merde ! Ces sales fils de pute. Je m’asseois, la mort dans l’âme, mais je me tortille sur mon siège. Je ne suis pas à l’aise. Je lui caresse doucement son front, essayant de prendre sa température alors que la mienne avait dû grimper en flèche. Je me redresse, réprimant un grognement devant la difficulté du geste. Je tire doucement la couette de son ventre et de ses jambes. Des bandages partout. Je me cale le poing serré entre les deux pour m’empêcher de gueuler et je craque. Je ne réprime plus les sanglots alors qu’ils me secouent, une main plantée contre mes yeux.
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Sujet: Re: Running After Our Fate Sam 15 Juil - 18:39
Brisée.
La douleur était partout en moi, et je n'étais que douleur. Mes os me semblaient aussi lourds que du métal, ma peau me brûlait, mes yeux n'arrivaient à s'accrocher à aucun repère tangible pour tenter de calmer ma respiration irrégulière. Mes doigts tremblent, alors que je tente de les contrôler en enserrant la couverture dans mon maigre poing. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ne sais plus. Je ne veux pas savoir. Parce que je sais que je ne peux le supporter. Je sais que c'est trop lourd. Je pensais pourtant être passée par toutes les horreurs possibles jusqu'à présent, depuis la grande panique. Mais il y a toujours pire. On s'enfonce toujours un peu plus, on s'enlise, on suffoque, on étouffe... Je m'agite. Ma poitrine tressaute, lâchant de petits sanglots que je tente vainement de retenir. Faible, trop faible. Pauvre animal laissé à moitié mort sur le bord de la route, traîné le long du chamin jusqu'à la maison, balancé sur un lit censé m'apporter du repos. Du repos ? Comment pourrais-je en trouver, alors que mon monde n'est que feu, hurlements et explosions ? Je ne peux pas fermer les yeux, les images qui s'imposent à moi semblent inciser mon esprit telles de petites aiguilles sans pitié. Ca fait mal. Mal n'est pas le mot, non, je le sais, mais je n'en n'ai pas d'autre, je ne sais plus penser à aucun autre mot qu'à celui ci, si simple mais si réducteur. Tout mon corps veut mourir, et mon esprit tente de ne pas réfléchir, de ne pas se rappeler, pour éviter la douleur. Et ainsi, éviter de suivre la volonté de mon corps. Je ne sais que faire, que penser, que regarder, qu'écouter. Les cris ? Les rires infâmes ? Lorsque je baisse les yeux, ils tombent sur une chair bien trop pâle et bien trop frêle, aussi fragile qu'une couche de poudreuse, écorchée à vif. Le rouge strie le blanc à plusieurs endroits, et rien que poser mes yeux dessus décuple la douleur. Alors non, je ne sais pas, plus, ne veux pas savoir. Il me semble même que j'oublie mon nom, celui de mes proches, celui des monstres qui rôdent dehors, tellement la douleur est omniprésente. Elle envahit tout, dévaste tout, ne laisse de place pour rien de censé. Excepté une autre sensation.
Sale.
Je me sens sale. Plus ou moins partout, mais à certains endroits plus que d'autres. Ce n'est pas le sang, pas les larmes, pas la salive qui a coulé de ma bouche à certains instants. Ce n'est rien qu'une douche ne puisse laver. Rien que le temps ne pourra laver non plus, du moins il me semble. Une immondicité ancrée en moi, gravée dans ma chair. Partie intégrante de moi. Une honte. Un toucher des plus impurs, que plus rien ne saurait retirer désormais. Et la douleur est étrangement plus forte entre mes jambes.
Ma tête se rentre soudainement entre mes bras. Ne pas savoir. Ne pas se rappeler. Ne pas chercher. Se contenter de la douleur physique.
Trente minutes plus tard, je me décide à me lever, gémissante et manquant de tomber. Heureusement, je n'ai qu'un pas à faire pour attraper le médicament qu'on m'a apporté. Il m'aide. Un peu. Il m'aide à trouver un sommeil sans rêve, qui ne sera sûrement pas réparateur. Mais sait on jamais – l'espoir fait vivre. Suis-je seulement encore vivante ? Il me semble que tout est en suspends, mon existence y compris.
Je dors, donc. Je ne le remarque même pas vraiment. J'arrive juste à oublier la douleur, à annihiler tous ces sens me torturant si profondément. J'entends les bruits, mais ils semblent si distants, comme appartenant à un autre univers, que je ne les remarque pas réellement. Le toucher sur mon front non plus, n'est pas suffisant pour briser le cocon dans lequel les médicaments m'ont enfermé. Je pourrais rester ici l'éternité. C'est aussi délivrant que le serait la mort, sauf que je suis toujours en vie. Suspendue, mais en vie. Ce n'est que lorsque je sens une vague plus fraîche mordre ma peau meurtrie que mes sens s'éveillent.
Brusquement.
Trop.
Je fais un bond dans le lit, gémissant sous la douleur du mouvement. Ma tête se tourne, cherche désespéramment la cause du dérangement. Le corps en alerte, se sentant comme attaqué, manque de se ruer sur l'homme dès qu'il le voit assis juste à côté de moi. J'ai encore assez de volonté – ou pas assez d'énergie – pour ne pas le faire, dès que je reconnais le visage. Je souffle, m'affaissant à nouveau dans le lit, tel une marionnette dont on aurait tout à coup coupé les fils. Je lève péniblement les yeux vers lui, me mordant une lèvre déjà blessée. Le sang perle à peine et n'a pas très bon goût.
« Désolée... »
C'est à peine plus fort qu'un murmure, un murmure proche du sanglot. Je cherche la position la moins douloureuse, sans quitter mon père des yeux. Je veux dire quelque chose. Il faut que je dise quelque chose. Peu importe ce que c'est.
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Sujet: Re: Running After Our Fate Sam 15 Juil - 23:20
Je pleure alors que je me rends compte de ce que j’ai fait, de ce que j’ai causé par mon caractère belliqueux. A un moment ou à un autre on avait blessé quelqu’un et pas qu’un peu, on avait fait du mal à des personnes qui nous en voulaient suffisamment pour se venger de nous aussi amèrement, en faisant un mal indicible aux femmes de notre équipe. Etaient-ce eux qu’on avait mitraillé à Trois-Rivières le jour de notre traversée du fleuve gelé ? Je n’en savais rien. Ils n’avaient rien dit à ce sujet. Si j’écoutais la petite voix pragmatique dans ma tête, je me disais que ce n’était pas directement notre faute à nous et encore moins plus spécifiquement la mienne, car nous n’avions laissé aucune trace ni survivants ce jour-là, en tout cas personne qui ai vu nos visages. En plein hiver, nous avions les tronches barrées d’écharpes, de bonnets, de couvre-chefs divers et variés. Tout était allé très vite et on les avait mitraillés à bout portant. Et par la suite, on n’avait pas vraiment rencontré qui que ce soit d’autre. Alors quoi ? C’était eux, ou les mecs qui avaient kidnappé Eva ? Je n’en savais rien. Impossible de savoir. J’avais tourné de l’œil bien avant de le savoir.
Bref. Je suis là devant ma petite qui a payé notre excès de confiance. On s’était relâché sur les gardes, on avait laissé du monde partir à la recherche de Wilkins alors que ce petit con était probablement déjà mort et ma fille avait été kidnappée sous mes yeux. Je savais bien que j’avais fait tout ce que j’avais pu pour la récupérer, et qu’on avait salement amoché plusieurs de ces mecs. Mais ça ne répondait pas tout à fait aux exigences de la situation présente. Ma fille se réveille d’un coup, coupant court à mes digressions. Elle bondit et j’ai le visage inondé de larmes qui strient mes joues et parcourent ma barbe ayant poussé dans tous les sens. Je me précipite contre elle et plaque doucement mes mains sur ses épaules.
| Chhhht ma chérie, chhhht … Ca va… | je m’étouffais à moitié entre deux sanglots, je m’étouffais dans mes larmes de haine amère et dans ma salive | Je suis là ma puce. C’est papa. Je suis avec toi. Ne bouge pas trop, reste couchée…. |
Je lui caresse doucement le front, la joue, avec la plus grande douceur dont je suis capable. Elle a peur, elle panique, elle met un moment à me reconnaître alors que son corps réagit au quart de tour par pur réflexe pour lui permettre de se protéger. Elle finit par s’affaisser dans le lit pour se recaler sur sa position de départ et s’excuse. Elle me regarde, me demande si je suis là depuis longtemps. Je me force à lui sourire.
| Je venais d’arriver Chlo… Je suis désolé, je t’ai réveillé… Je… Oh, putain. Je suis tellement désolé ma chérie, ma toute petite… |
Et j’explose en pleurs comme jamais auparavant, sanglotant sur place, détruit.
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Sujet: Re: Running After Our Fate Mer 19 Juil - 20:11
Il fallait que je pense à quelque chose, fasse quelque chose, dise quelque chose. Quelque chose qui n'avait pas de rapport avec l'emprunte insoutenable de cette horreur que je sentais sur moi, en moi. Je ne voulais pas mettre de mots dessus, pas d'images non plus – je ne devais plus y penser et cela ne devait plus exister. Mais comment ? Le malaise emplissait tout mon être, le submergeait, débordait, suintant à travers mes pores et empestant à chaque respiration. Ma pensée s'emballait, fuyant le plus loin possible, et se perdait en chemin. Elle ne faisait plus sens ; plus rien ne faisait sens. Plus rien n'avait d'importance. C'en était bien trop pour un corps et une âme déjà brisée. Je n'étais pas faite pour cette vie – cette survie. Pas faite pour ce monde hostile. Je le savais depuis bien longtemps, ça avait été une évidence dès le départ. Avant même la Grande Panique. Dès mon agression. Pourtant, je m'étais relevée, j'avais vraiment cru m'être relevée. Récemment, j'étais persuadée d'avoir enfin trouvé ma place, de m'être adaptée. Non. Bien sûr que non. Stupide et fragile Chloé.
Je devais tourner le dos à ce que je ressentais et à ce dont je me souvenais. Sinon, ça ferait trop mal. J'avais espéré trouver la paix dans le sommeil, et ça avait presque été le cas... Il avait fallu ce courant d'air pour me reconnecter avec le monde extérieur, alors que, dans le même temps, les effets des médocs diminuaient. Et chaque sensation, chaque perception du monde extérieur me semblait décuplée. Chaque brise d'air semblait être un ouragan, chaque caresse une brutale claque brûlante. Prise au milieu de la tempête. Tout me dépassait. En moi et au dehors. Plus assez de force, plus assez de volonté. Plus de pensée cohérente. Juste ces larmes, ces perles d'amertume que je sentais rouler sur une peau trop sensible, creusant des joues déjà peu rebondies. Je n'avais aucune emprise sur elles, aucun moyen de savoir quand j'avais commencé à pleurer, quel avait été l'élément déclencheur. Aucun moyen de maîtriser ces tressautements non plus. Alors je m'accroche au seul repère que je trouve : la vue de mon père. Quelque chose de familier, quelque chose de solide, bien plus que moi. Je ne remarque pas vraiment son état... Je note juste sa présence, et c'est déjà beaucoup ; j'ai aligné une pensée cohérente.
Mon corps tremble sous la main de mon père, réagissant de manière si répulsive à un contact qui se veut pourtant réconfortant. Cette chair ne semble plus m'appartenir tout à coup, pourquoi réagit elle comme ça, pourquoi m'ordonne t-elle de repousser mon père ? Une part de moi n'a pas envie qu'on me touche, une part de moi se sent comme violée une nouvelle fois. Je suis sale, et j'ai honte qu'il le sache, honte qu'il touche cette crasse. Je serre les dents pourtant, et fais tout mon possible pour ne pas le rejeter brusquement. Maîtrise toi Chloé. Tu vas bien devoir le faire, et tu vas y arriver. Respirer. Fixer mes yeux sur ce sourire qu'il m'adresse, si maladroit, si forcé, mais si doux.
« C'est pas.... Pas ta faute, j'aurais pas dû sortir d'ici, et... »
Et ça ne mène à rien, Chloé. Un reniflement. J'enfonce ma tête dans la couverture, comme si je voulais disparaître. Pendant un instant, le seul bruit est celui de ses sanglots. Insupportables. Ils me déchirent les tympans, envahissent mon crâne, me donne envie de mourir. Je relève à peine la tête.
« P-pa ? Pleure pas, s'te plaît. Ca va aller »
Aucune idée de comment j'arrivais à dire cela. Les trois derniers mots étaient juste sortis de ma bouche d'eux même. Un espoir ? Plutôt une prière. Et depuis combien de temps ne l'avais-je pas appelé « papa » ? Le départ de Juliette ? Il faut dire qu'on avait pas eu beaucoup de véritables conversations depuis ce jour. Et j'évitais de l'appeler de n'importe quelle manière que ce soit dans ces cas là. Je lui en voulais – et je continuais à me persuader que je lui en voulais toujours. Mais aujourd'hui, tout s'effondrait autour de moi plus que jamais. Mes repères, mes certitudes, mon monde, tout. Déjà qu'il n'y avait pas grand chose. Je voulais juste oublier, me terrer, me laisser mourir... Une petite voix me disait encore de m'accrocher, et, même en le voulant... A quoi m'accrocher ?
Il n'y a plus rien qu'un océan de cendres et de douleur.
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Sujet: Re: Running After Our Fate Mer 26 Juil - 22:52
Je suis dévasté. Je n’avais jamais trop porté attention auparavant à la manière qu’aurait eue la mère de Chloé de juger mon éducation, après tout elle s’était barrée bien longtemps auparavant et en plus de ça, elle n’avait jamais manifesté d’enthousiasme délirant à l’idée de prendre des nouvelles de sa fille ou de s’occuper d’elle. Mais aujourd’hui, je savais qu’elle ferait peser sur mes épaules tout le drame que j’avais provoqué en traitant ma gamine comme une adulte alors qu’elle n’était encore qu’une gosse, finalement. Le poids de mes actes impliquait maintenant qu’elle était dévastée. Pas par ma faute directement, mais sous ma responsabilité. Et quand on est parent, ces deux choses ont plutôt tendance à se confondre. Alors je ne faisais pas le fier. Jamais je ne m’étais senti plus mal de toute mon existence, et je me rendais compte, en sus, que les choses laisseraient leur empreinte à tout jamais sur ma fille, sur son corps, sur sa psyché. Je lui avais peut être niqué tout espoir de vivre un jour une vie normale, rien que parce que je l’avais lâchée du regard un petit moment. C’était atroce comme constatation.
Alors je pleure. Je sanglote comme un gamin, mais tellement dévasté et bouleversé à l’intérieur que je ne peux tout simplement pas m’en empêcher, c’était un peu comme si j’avais le sentiment d’avoir commis le pire crime du monde. Ce qui était à peu près le cas d’ailleurs, vu ce qu’avait subi ma toute petite. Je m’étais montré défaillant en tant que père et c’était le genre de foirade qui, mené dans les grandes largeurs, vous bouleversait une existence toute entière. Je ne sais pas au début sur ma fille se rend compte que j’étais présent à côté d’elle. J’espérais qu’elle le sente, qu’elle s’en rende compte, d’une manière ou d’une autre. A ce stade, je ne pouvais en aucun cas avoir le manque de courage d’espérer que cette petite entrevue ne soit repoussée du fait des événements. Mais ma fille s’en rend compte, je le sens, je le sais. Elle se doute bien que je suis là et elle pleure aussi, même si elle est plus occupée à trembler quand je la touche. Trembler. Quand moi, son père, je pose la main sur elle, avec toute la douceur du monde. Cette nouvelle constatation me défonce un peu plus à l’intérieur.
Elle serre les dents, visiblement en lutte contre un conflit intérieur. Je lui caresse le côté du visage, le cuir chevelu, alors que je continue de sangloter en essayant de maîtriser ma voix, ma respiration, en essayant tant bien que mal de me calmer. Je n’y arrive pas. Je n’y arriverais peut-être plus jamais.
| Chhht, ma chérie. Ca va aller. Doucement. C’est moi. |
Je ne peux réprimer un hoquet quand elle me dit que c’était sa faute, elle me demande d’arrêter de pleurer. Je sens que ça lui pèse, que ça mine ses forces. Je l’attire contre moi alors qu’elle me dit que ça va aller. Pour la première fois de notre vie, c’est Chloé qui me rassure, alors qu’elle a toutes les raisons du monde de me détester Je la serre de toutes mes forces. Et pleure plus que jamais.
| Non, dis pas ça ! C’est pas ta faute ! C’est la mienne et celle de ces maudits fils de putes ! Je vais les tuer Chloé, oh putain oui, je les tuerais jusqu’au dernier. Je te le jure. Plus jamais ils te toucheront. D’accord ? J’en fais la putain de promesse. |
La serrer contre moi dans mon état prélève lourdement sur mes forces, mais qu’importe !
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Sujet: Re: Running After Our Fate Ven 11 Aoû - 16:58
J'aurais dû restée endormie. Ca aurait été mieux. Ca aurait été plus simple, moins douloureux. Oui, vraiment, c'était beaucoup mieux de dormir, juste de dormir, sans rêver, sans cauchemarder, sans penser, sans rien. J'avais juste envie de m'enfoncer dans les profondeurs de la couette, fermer les yeux, me perdre dans l'obscurité chaleureuse du sommeil et ne plus en sortir. Sauf que les choses ne sont jamais aussi simples, n'est-ce pas ? On ne peut pas faire l'autruche, on ne peut pas juste dormir et oublier. IL faut ouvrir les yeux, ressentir la douleur, l'affronter, la regarder en face. Regarder les autres en face. Ca fait mal. Ca fait mal de se confronter aux autres. De voir leur souffrance aussi. De me rendre compte qu'elle n'est qu'un reflet pâle de la mienne, de me rendre compte à quel point je la méprise. Et à la fois, elle me blesse. L'homme en face de moi reste mon père, et peu importe les circonstances, une partie de moi ne peut que souffrir de le voir dans cet état. L'ai-je déjà vu ainsi ? Je ne me rappelle pas l'avoir vu un jour pleurer. C'est tellement... Anormal. Pas lui. Tellement en dessous de lui. Comme si, dans une partie de mon esprit, je l'idéalisais encore comme je pouvais le faire étant enfant. Pourtant, la figure paternelle s'était plus que craquelée, fissurée, avait perdu de sa soliditié et de sa légitimité. Surtout depuis la Grande Panique. Je le voyais plus humain que je ne l'avais jamais vu depuis ce jour – et d'un autre côté, je l'idéalisais sûrement encore plus. Il était tout ce qu'il me restait, tout ce à quoi je pouvais m'accrocher. Qu'on se parle ou pas, qu'on soit en froid ou non, il restait la seule accroche. Ce n'était pas forcément une figure proche, rassurante et protectrice – je me servais généralement pour cela du souvenir de Juliette. Mais il était un roc, il était fort, il savait se battre, et une part de moi se pensait toujours en sécurité à ses côté. Ce n'était pas le cas, non, bien sûr. J'en avais toujours eu conscience. Mais dans le chaos au milieu duquel je suis plongée, j'avais besoin de certitudes.
Il était sûrement bien trop tôt pour dire si l'image du roc partait elle aussi en miettes dans mon esprit. Mais le voir pleurer... le voir pleurer ne pouvait pas me laisser indifférente. Je pouvais même me demander si je rêvais, tellement cela semblait incongru. Papa, pleurer ? Bon sang, mes réflexions me donnaient l'air d'une gamine de dix ans. Peut être n'étais-je pas grand chose d'autre, de toute façon... Je n'étais plus qu'une pauvre loque, coquille vide, incapable de rien sauf de s'abadoner à sa souffrance. Assez idiote pour sortir quand le danger est partout, pas assez forte pour se défendre quand on l'attaque. Oui, une simple gamine. Qui se laisse malgré elle bercer par trois paroles douces, réconfortantes. Je fais un effort. Le repousser lui fera mal, je le sais, et je ne peux pas lui faire plus mal que ça. Alors je hoche la tête doucement, lui faisant comprendre que oui, je sais que c'est lui, et que c'est bon. Mais je peux pas le voir pleurer... Puis ses bras m'attirent plus franchement contre lui, et je lâche un petit ok de surprise en me laissant pourtant aller. Je ferme les yeux, les serre fort – comme si ça allait me permettre d'améliorer ma condition. Les larmes se remettent à couler, contre son épaule. Je le laisse finir. J'ai envie de rire, j'ai envie de pleurer, j'ai envie de mourir. J'ai envie de lui dire que peu importe qu'il les bute ou non, ça n'effacera pas la crasse sur moi, en moi. Mais j'ai pas envie que ça recommence non, et j'ai pas envie de lui faire encore plus mal. Alors je me mords la lèvre et ne dis rien, pendant quelques instants. Puis, j'essaye de me dégager doucement de son étreinte pour m'allonger sur le lit. J'essaye de sourire, et n'ai aucune idée du resultat.
« Merci, je suppose. Mais te fais pas tuer. J'veux pas qu'il t'arrive quelque chose à cause de... moi, enfin, de ça quoi. »
Ces types sont des malades, et je veux même pas penser à ce qu'ils pourraient faire. Ce qu'ils ont déjà fait me donne déjà envie d'en finir. Je détourne le regard quelques instants. Soupire. Il faut que je pense à autre chose, il faut que je parle d'autre choses.
« Les autres, ils... ils vont bien ? Je ne me souviens pas de grand chose après que... tu sais. »
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Sujet: Re: Running After Our Fate Dim 20 Aoû - 15:59
Je savais que j’avais merdé. Le savoir ne rendait pas du tout les choses plus faciles vous pouvez me croire. Ma fille était meurtrie, elle était blessée, et cruellement avec ça. Il était possible que les choses échappent à toute forme de contrôle, maintenant, du fait que nous étions écrasés sous la férule d’un groupe inconnu, que nous soyons désormais peu au fait de ce que nous allions devoir mettre en place. Je savais bien que notre route serait pavée de souffrances, mais me rendre compte que j’étais parfaitement incapable de défendre les miens, de les protéger du pire,c’était une constatation à laquelle je n’étais pas du tout prêt. J’en étais sûr en tout cas, quoiqu’il se passe il y aurait forcément de la casse, désormais. On ne pourrait plus faire un pas sans tomber sur un autre groupe de survivants toujours plus armé, toujours plus belliqueux. Je pensais être prêt à tout pour survivre mais ce n’était pas encore le cas ; d’autres paraissaient bien plus déterminés que nous ne le serions jamais. Jamais je ne pourrais céder au viol et glisser également vers le rapt et le racket. Du moins, pas sans un gros travail sur moi-même. Et pas sans soutien. Mais était-ce la solution, de se faire ainsi pire que les morts ? Je n’en savais rien. J’étais perdu. Je pensais affronter la mort, la faim et la maladie droit dans mes bottes, mais il fallait que je me rende à l’évidence. Je n’étais pas prêt à tout ce qui nous tombait dessus, je ne faisais que composer au fur et à mesure.
J’avais bien conscience que craquer comme je le faisais devant ma fille pouvait s’avérer contre-productif, mais ça voulait dire aussi que je ne pouvais plus lutter ; pour une fois, c’était moi qui avait besoin d’aide. Elle aussi, bien sûr, tout comme Miria. Elles avaient été prises de force, souillées et violentées. Peut-être même, pour ce que j’en savais, avaient-elles contracté de bien tristes conséquences de ces viols multiples. Je préférais ne pas y penser, pas pour le moment. Mais si je n’avais pas la force d’aider ma fille et qu’elle n’en avait pas plus pour m’aider moi, qui nous aiderait désormais ? Personne, j’en étais convaincu. Maintenant il n’y avait plus que nous. Que nous contre le reste du monde.
Et le reste du monde était plus fort que nous. Cette cruelle constatation s’était imprimée à vif dans notre chair. Voir ma fille tenter un sourire qui se transforme en grimace est presque pire que tout le reste… Je déglutis.
| Miria… Elle a subi la même chose que toi. J’ai rien pu faire. Brandon a été battu à mort. |