Les températures baissaient de façon alarmante... Pas encore suffisamment pour geler les zombies, mais assez pour mettre les survivants en difficulté... Pourtant, Rafael était habitué au climat du Canada, c'était sa patrie. Mais il y était habitué en étant bien portant, en ayant une maison confortable, du chauffage, de la nourriture à profusion... Pas en étant une sorte de vagabond, avec peu de vêtements et surtout, la sensation de ne pas avoir été rassasié depuis des mois. Et ce n'était pas qu'une sensation hélas. C'était la réalité... Les vivres manquaient, les médicaments manquaient. Ils avaient du faire quelques sacrifices pour sauver tout le monde dans leur groupe de fortune. Et cela n'était pas gagné d'avance... Notamment pour Eva et Skylar qui avaient été salement amochés. Mais ils étaient plus résistants qu'ils en avaient l'air et la solidarité avait fait son œuvre, permettant ainsi de sauver tout le monde. Provisoirement. Si les blessures ne les tuaient pas, le froid et la famine pouvaient bien s'en charger. Ou l'inconscience...Comme celle qui avait du frapper Charisma et Zak quand ils s'étaient aventurés, seuls, dehors. Les deux membres les plus vulnérables du groupe, sans protection. Alors oui, Zak avait l'air de savoir manier une arme, mais ce n'était qu'un gamin, aussi mature et précoce soit-il ! Quand à Charisma... Il avait peut-être tort de la voir comme une petite chose fragile. La Charisma fantôme qu'il avait traîné derrière lui depuis la Grande Panique semblait disparaître pour redevenir celle d'avant, intrépide, courageuse et avisée. Avant tout cela, il n'aurait jamais douté de ses capacités à s'en sortir, même s'il aurait forcément tremblé pour elle, comme elle tremblait pour lui. Il n'arrivait pas à se départir du devoir de la protéger... Même malgré elle. Leur relation avait prit un tournant inattendu. Ils ne seraient jamais plus frère et sœur et il faisait des efforts pour ne plus la nommer ainsi mentalement. Les autres membres du groupe n'y avaient vu que du feu, les prenant déjà pour un couple dés le départ.Le pire, c'est qu'alors qu'il était fou d'inquiétude quand il avait apprit qu'elle était partie avec le gosse, il n'avait pu s'empêcher de rester scié quand elle était revenue, avec Zak et Ethan, à bord d'un véhicule militaire qu'ils avaient réussi à récupérer. Il l'avait forcément sermonné, mais avec peu de force, alors qu'il était fier d'elle. Elle avait été imprudente, mais elle s'émancipait et se rendait utile... L'effet de groupe lui faisait du bien finalement. Et ils avaient pu rouler vers le Nord en transportant les blessés pas encore tout à fait remis, mais conscients que leur cabane de fortune ne les sauverait pas bien longtemps.Dommage que le véhicule ai fini par rendre l'âme. Il était bien pratique. Mais ils avaient avalé des kilomètres qu'il leur aurait fallu des jours à faire à pied. Il fallait demeurer positif. Les blessés allaient mieux, mais ils avaient faim. Et ils avaient besoin de reconstruire leurs stocks. C'est pour ça que Rafael se retrouvait avec Eva, dehors, en quête de nourriture. Ils avaient posé des pièges, des filets de pêche... Un peu comme des désespérés. Avec un peu de chance, ils auraient une prise... En espérant qu'un autre groupe ne soit pas passé par là pour les prendre à leur place. C'était aussi un risque. Ou qu'un prédateur ne se soit pas rassasié.« Tu crois que ça a marché ? »Les pièges... Qu'ils vont revenir avec quelque chose pour remplir les estomacs... Ils approchaient de la zone.

Eva s’était remise difficilement. Se remettait encore. Si elle avait été salement amochée, physiquement, elle peinait à se rétablir parce qu’elle culpabilisait d’avoir laissé Chloé et Philippe seuls, abandonnés à une mort certaine. Une mort qu’ils n’avaient pu éviter. Non, ils n’avaient clairement pas pu. De ce qu’elle avait vu, de ce qu’elle avait entendu… Peut-être avait-elle mal compris, mais elle n’était pas du genre à se voiler la face. Malgré la difficulté d’avancer, de se secouer, elle ne comptait pas se laisser aller vers une mort certaine. Alors elle bougeait, elle essayait de vaincre la douleur, de se rendre encore utile et de guider ses nouveaux appuis aussi bien que possible. Rien n’était facile, aucun d’entre eux n’étaient en forme, bien qu’elle soit la plus amochée avec le gamin sourd, mais elle faisait de son mieux. Elle expiait sa culpabilité, en s’efforçant d’aider au mieux. Comme elle l’avait fait, après avoir survécu en décimant sa famille contaminée. Elle avait fait pire, cette fois, abandonnant ceux qui comptaient plus que tout pour elle, alors même qu’elle s’était jurée de les protéger. Se pardonnerait-elle un jour ? Surement pas. Mais cela n’avait aucune importance. Elle devait simplement avancer, que ce soit de manière automatique, sans réellement réfléchir. C’était ainsi, elle devait les protéger, tous autant qu’ils étaient. Elle était flic, c’était son rôle – quand bien même ces connards de l’armée, dont c’était le rôle aussi, les avaient mis dans cet état.

C’est pourquoi elle partait, ce jour là, avec Rafaël, c’est pourquoi elle avait aidé à installer des pièges et des filets de pêche improvisés, pour nourrir tout le monde. Elle n’était pas dupe, elle savait qu’elle avait eu droit à plus que chacun, pendant un temps au moins, pour qu’elle ne meure pas entre leurs mains. Elle devait maintenant leur rendre la pareille, à sa manière. Rafaël et elle avaient avancé un certain temps, silencieux, elle guettant le moindre bruit synonyme de danger, lui… elle ne savait pas, ressassant peut-être tout ce qui s’était passé avant leur arrivée ici. Elle n’en avait que des souvenirs flous, à moitié emportée par le sommeil et peut-être la fièvre. Elle tourna légèrement la tête vers l’homme, en l’entendant.

« On ne peut que l’espérer. Il faut que ça ait marché. Que l’on puisse avoir de quoi nous nourrir. Je sais qu’il le fallait et que nous n’avions pas le choix, mais nos ressources épuisées ainsi, on ne va pas aller loin. On risque de subir des pertes, et vos sacrifices s’avèreront vains. Et je ne peux pas laisser une telle chose arriver. »

Avançant encore, elle bifurqua vers l’eau grondante de la rivière, repérant les arbres qu’ils avaient marqués tant bien que mal, explosant l’écorce, au risque de mener quelqu’un vers leurs installations, pour commencer à relever les filets. Elle ne savait plus combien ils en avaient posés exactement, avec ce qu’ils avaient trouvés à la cabane. Cinq, ou six, peut-être. Pas plus, c’était certain, mais pas beaucoup moins non plus.

Type d'action Vérifier les cinq filets (poissons, pas poissons ?)

Il lui fallut un peu de temps, malgré la proximité des filets, pour aller de l'un à l'autre, les roches tapissant le cours d'eau étant incroyablement glissante. J'arrivais malgré tout à soustraire de deux d'entre eux un poisson assez gros, que je mettais tous deux dans un sac en tissu récupéré dans une maison. Retournant vers les pièges et Rafaël, je lui montrais les prises.

« Doit-on remettre les filets ou les emporter ? Va-t-on rester assez longtemps dans le coin ? De la chance, avec les pièges ? »

Rafaël hocha la tête sombrement alors qu'Eva espérait elle aussi que leurs petits pièges de fortunes et leurs filets aient porté leurs fruits. Les réserves de nourriture étaient quasiment épuisées. Et là, il fallait nourrir plusieurs individus, pas seulement Rafaël et Charisma. Si le fait d'être dans un groupe était sécuritaire, c'était aussi tout multiplier par le nombre de personnes dans le groupe et tout diviser ensuite à peu près équitablement. Et il était plus difficile de trouver de la nourriture pour dix que pour deux... Ils devaient tous redoubler d'effort et d'ingéniosité. Et il était très tentant de dissimuler une découverte pour se remplir l'estomac... Les restrictions étaient difficilement gérables souvent. Rafaël en venait à se dire qu'il serait plus judicieux de s'installer quelque part et de faire pousser des choses... Avoir une sorte de serre. Plutôt que de fouiller encore et encore, souvent dans des endroits déjà visités. Mais la question était de savoir où s'installer ? Les morts étaient partout et pouvaient vous chasser en un tournemain. Cela valait-il la peine de tenter de construire quelque chose pour ensuite devoir tout abandonner ? La clé résidait dans la mobilité, du moins, c'était le cas quand ils n'étaient que deux avec Charisma... Désormais... il ne savait plus. Mais il n'était plus le seul à décider au moins. Et les autres semblaient avoir la tête sur les épaules, c'était une bonne chose.

Il ne manqua pas de noter les sacrifices dont parlait Eva. Elle avait beaucoup perdu en venant avec eux. Elle avait perdu Philippe et Chloé, sans doute morts désormais. Et il ne pouvait qu'imaginer le sentiment de culpabilité qui devait habiter Eva. Elle n'aurait rien pu y changer, hormis mourir avec eux, mais cela ne changeait rien. Elle avait le syndrome du survivant ou un truc du genre. Pourquoi eux et pas elle ? Une question qui devait hanter bien des survivants ces derniers temps... Et dire qu'il n'aimait pas cette fille au départ, ayant eu une mauvaise expérience avec cette femen en puissance. Il en était revenu de ses élans chevaleresques à venir en aide à une demoiselle en détresse. Il s'était fait recevoir ! Mais elle avait changé, elle avait été compréhensive avec Charisma... Et il l'avait sans doute sauvé pour le coup. On pouvait dire qu'ils repartaient sur de bonnes bases.Il la regarda filer vers l'eau pour s'occuper des filets et choisit de se diriger vers les pièges. Il avait le cœur battant, comme si sa vie était en jeu... C'était un peu le cas finalement. Ils avaient désespérément besoin de nourriture. Ils avaient posé trois pièges, c'était plus difficile à fabriquer que des filets. Heureusement, avec Charisma, ils avaient développé leur technique à ce sujet et cela leur avait permis de récupérer quelques prises de temps en temps. Cela ne fonctionnait pas toujours. C'était moins sûr que les filets quelque part... mais s'ils pouvaient attraper un animal, ce serait formidable... Rien qu'à cette pensée, il sentait son estomac gargouiller.

TYPE D'ACTION : je vérifie les 3 pièges pour voir s'il y a des animaux morts dedans.

Sincèrement, il n'y croyait pas... Et pourtant... Les pièges avaient fonctionné. Les petits animaux s'étaient pris dedans et un grand sourire se peignit sur ses lèvres en récupérant les carcasses, pas encore dévorées par les carnivores. Il avisa alors Eva qui revenait, l'air plutôt content et sourit en voyant les deux poissons dans le sac.

« On peut peut-être les remettre, nous passerons les prendre quand il sera temps de repartir... D'ici une poignée de jours je pense. »

Elle s'enquit alors de ce qu'il avait ramassé de son côté et il montra ses prises, avec un air fier. Il imaginait déjà ce qu'ils allaient pouvoir manger...

« Et bien ma chère, je dirais que nous sommes dans un jour de chance ! Pourvu que cela continue. Nous en avons besoin. »

L’ancienne flic usait du minimum de mots, s’efforçant de ne pas alourdir l’atmosphère par son humeur souvent négative, humeur qu’elle faisait de son mieux pour dissimuler, d’ailleurs. Difficile à dissimuler, quand de mauvais rêves l’assaillaient, troublant son sommeil. Mais elle s’efforçait de se montrer sous son jour le moins pire ; pour donner le change. C’était tout ce qu’elle était en mesure de faire pour le moment. À défaut de s’absoudre de ses péchés, elle devait ne pas les infliger aux autres, ne pas les laisser entrapercevoir cette culpabilité qui la dévorait. Elle endossait son uniforme à nouveau symboliquement et concrètement, s’étant remise à le porter par dessus les couches de vêtements, en protestation silencieuse face à l’armée qui n’avait pas hésité à massacrer des civils, trahissant tous leurs engagements. Geste anodin pour ceux de son groupe, surement, mais qui l’engageait à protéger et prendre soin d’eux tous, en ne se laissant pas aller à la sentimentalité. Qui lui rappelait à chaque instant cette promesse qu’elle se faisait. Protéger tout en restant simultanément avenante et distante. Sinon… Sinon, elle serait brisée, et elle n’était pas certaine de pouvoir se relever. Pas après avoir achevé sa famille contaminée, pas après avoir abandonné Philippe et Chloé à une mort certaine.

S’efforçant d’articuler un léger sourire, sans être bien certaine d’être convaincante, Eva s’éloigna de Rafael pour relever les filets qu’ils avaient posés, alors qu’il allait faire de même avec les pièges. Si du gibier et des poissons pouvaient s’y trouver, les choses leur seraient facilitées pour un temps certain. Bien qu’ils sachent tous qu’ils devaient se rationner, ils mangeraient peut-être autre chose que des racines, et peut-être un repas un peu plus savoureux et conséquent. Eva l’espérait grandement, du moins. Voir les filets contenir deux poissons de taille importante laissa percer un réel sourire sur son visage.

« En effet, ça ne sera qu’un petit détour nécessaire. Et fructeux, je l’espère. Mais nous sommes déjà très chanceux, et nous l’avons été à Coati… »

Eva se tue soudainement, ayant commencé à parler de manière inconsidérée, et ne souhaitant pas revenir sur le sujet. Eux avaient été chanceux. Oui, eux. Pas les autres. Une plaie encore bien à vif, qu’elle ne cessait de raviver.

« Croisons les doigts, pour que notre bonne étoile ne nous quitte pas. Les autres ont repéré quelques baies écrasées, au sol, la dernière fois. Peut-être pouvons-nous trouver les arbustes d’où elles provenaient ? »

Type d'action Bouger, pour chercher des arbustes de baies.

La femme s'avança, s'éloignant un peu plus du ruisseau, à la recherche des buissons.

Type d'action Fouiller les arbustes.

Elle s'agenouilla, dans un bosquet, cherchant à voir les potentielles baies cachées derrière ceux le plus en avant, mais recula précipitamment, en entendant un râle et voyant un zombie.

« Je l'achève dès que je l'ai à portée de matraque. On ne voudrait pas en attirer d'autres en tirant. »

Rafaël n'était pas du genre pessimiste. Il était souvent de bonne humeur et essayait de faire en sorte que tous les membres du groupe le soient. Ils devaient rester positifs. Bien sûr, il lui arrivait d'avoir des petits coups de mou, de la peine, l'envie de tout abandonner mais cela ne durait jamais très longtemps et il parvenait toujours à trouver les ressources nécessaires pour retrouver son sourire. Optimisme ne voulait cependant pas dire utopiste. Il pouvait tenter de garder le moral des autres à un certain seuil satisfaisant, il ne promettait pas la lune et ne serinait pas à longueur de temps que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Il se serait fait lyncher pour cela. Et se serait lynché tout seule au passage. Cependant, comment ne pas ressentir un regain d'espoir et de vitalité au vu des prises qu'ils venaient de faire ! Ils allaient pouvoir manger et correctement de surcroît. C'était merveilleux. Le signe que finalement, on n'étaient moins vulnérable et démuni en groupe. Il refusait de penser à ce qu »il se passerait en cas de famine sévère... Aux plus faibles qui risquaient de succomber. Aux choix qu'il faudrait faire. C'était déprimant et pas d'actualité. Il aviserait en temps voulu. Ils aviseraient. Ce seraient des décisions collégiales. Eva était le chef de leur petite bande, parce qu'elle avait une autorité naturelle et avait secondé Philippe dans cet exercice, mais ils s'écoutaient les uns les autres.

Elle lui demanda d'ailleurs son avis sur la conduite à tenir. Il préférait retenter leur chance de la même manière. Ils pourraient récupérer le tout quand ils partiraient, soit bientôt. Il fit mine de ne pas avoir entendu qu'Eva s'interrompait brutalement dans sa phrase, alors que des souvenirs douloureux devaient lui revenir. Ceux qui avaient succombé ne quittaient jamais vraiment les pensées de ceux qui survivaient encore. La question du « pourquoi moi ? » revenait sans cesse. Des personnes plus entraînées, meilleures tireuses, plus douées mourraient alors que d'autres, insignifiantes, sans réel talent, vivait encore. Et à chaque mort, on ressentait ce sentiment de culpabilité et une part d'injustice. C'était ainsi. Il fallait faire avec et ne pas se ronger les sangs avec des questions qui ne trouveraient jamais de réponses.

La jeune femme proposa alors de chercher quelques baies en plus de leurs prises et il hocha la tête, lui emboîtant le pas, sans pour autant la coller, aux aguets. Eva fit alors un bond en arrière, dévoilant ainsi à Rafaël un visiteur inopportun. Il s'empara de son arme, visant la tête, mais Eva lui glissa qu'elle préférait s'en occuper avec sa matraque, le bruit du coup de feu risquant d'en attirer d'autres. Il hocha la tête, sans cesser de viser le zombie.

« Je te couvre. »

Dangereux. Mais si Eva échouait, il tenterait d'exploser la tête de cette pourriture avant qu'elle ne morde la flic. Le moins qu'on pouvait dire, c'était qu'elle avait des sacrées corones. Il l'admirait quelque part. Malgré le chagrin, elle ne le laissait pas abattre. Et là, elle parlait calmement de simplement exploser la tête du zombie. Comme une formalité. Mais s'il y en avait un, il y en avait peut-être d'autres. Ils auraient pu fuir aussi, après tout, ce n'était pas comme si ils rentraient bredouille.

« On pourrait filer aussi... »

Ce n'était pas de la lâcheté. Plutôt du pragmatisme. Pourquoi risquer sa vie inutilement ? Il avait reculé au fur et à mesure que l'autre avançait, demeurant à une distance prudente. Heureusement qu'ils étaient lents, c'était un avantage non négligeable.

Points de vie restants : 22/22
Munitions restantes : Un smith and wesson et 19 balles
Gains des fouilles : //
Endroit où je me trouve : Entre les arbustes et la rivière
Endroit où se trouvent mes ennemis : Un Zack juste devant Eva et moi

Filer ? Oui, assurément. Sauf qu’il pourrait très bien, malgré son agilité qui laissait à désirer et ses gestes imprécis, la mordre dès qu’elle aurait le dos tourné. Il n’y en avait qu’un, et pas une réelle menace. La chance leur avait sourie, jusqu’à présent, et peut-être cela continuerait-il ainsi. Peut-être. Elle devait, en tout cas, l’espérer et y croire. Souhaiter suffisamment ardemment battre la créature putréfiée qui aurait du être morte et se trouvait dans un état si peu engageant et que l’Homme qu’elle était n’aurait surement jamais désiré. Le tuer, pour leur bien à Rafaël et elle, mais aussi pour le soulager de ce sort ni enviable ni plaisant. Même si la personne que l’horreur en face d’elle avait été n’avait pas conscience de ce qu’elle vivait. Elle l’espérait, en tout cas, car n’être qu’un mort-vivant, mangeant ses anciens semblables, était un sort bien trop terrible pour qu’on soit conscient de ce qu’il se passait.

Et jusqu’à présent, ils avaient trouvé suffisamment de nourriture, alors que leurs pièges auraient pu échouer. Ils avaient survécu, malgré leurs blessures, la famine, le moral qui aurait pu décliner à tout moment. Eva devait croire qu’ils pouvaient survivre longtemps encore. Tous ensemble, ou séparés, s’il devait en être ainsi. Elle n’avait plus aucune certitude, actuellement, sauf celle qu’elle voulait survivre. Était-ce réellement le cas, alors qu’elle n’avait su protéger Philippe et Chloé ? Elle n’en était pas certaine. Et pourrait-elle protéger les nouvelles brebis égarées et les quelques chiens qui les encadraient ? Ou seraient-ils condamnés à mourir pour sa propre survie ?

Soupirant, elle secoua la tête. Non, elle n’abandonnerait pas. Elle ne fuirait pas, et elle ne sacrifierait personne. Sauf elle, si cela était plus utile au groupe. « Il pourrait nous poursuivre, et nous bouffer. On est deux contre un, on peut s’en sortir. » Matraque en main, elle s’apprêta à frapper la créature, mais son épaule heurta lourdement et douloureusement une pierre qui se trouvait bien plus près qu’elle ne le croyait, alors qu’elle lançait son bras vers son adversaire. Réprimant un cri de douleur, se mordant la langue, elle éloigna bien vite son bras des dents qui la menaçaient, et tenta de reculer. Le zombie s’approcha, et elle ne put qu’avancer sa matraque pour bloquer sa progression, empêchant un coup mais ne parvenant pas à se dégager.

« Frappe le avec la crosse de ton arme, si tu peux, pendant que je le bloque. Plutôt que de tirer. Et s’il me mord… Fuis. Flingue nous si tu peux, et fuis. Vous récupérerez mon équipement plus tard, les coups de feu risquent d’attirer d’autres zombies, mais d’éloigner les humains rapaces. »

Points de vie restants : 30/30
Munitions restantes : //
Gains des fouilles : //
Endroit où je me trouve : Entre les arbustes et la rivière
Endroit où se trouvent mes ennemis : Un Zack au contact

Oui, ils auraient pu fuir. Sauf que ce n'était pas le genre d'Eva. Pourtant, ils n'avaient rien à prouver. Ils avaient de la bouffe, ils pouvait déguerpir facilement, ils étaient plus rapides que ce mort là. Et cela faisait bien longtemps que Raf n'avait plus de compassion pour ces êtres qui avaient été vivants et humains. Ce n'était plus le cas. Il pensait qu'ils n'étaient pas conscients de leur état. C'était juste un mode automatique, quelque chose du genre, plus embryonnaire encore que l'instinct animal. Le cerveau était presque mort, dénué d'intelligence en tous les cas. Mais Eva voulait l'abattre. Ouais, ils étaient deux contre un, plus intelligents, mais quand même. Rafaël n'avait pas eu une formation de policier lui, il n'était pas un expert au corps à corps. Ni en armes à feu en fait, il savait se démerder, mais était loin d'être Lucky Luke. Rafaël hocha la tête, alors qu'Eva affrontait le zombie, matraque à la main, mais c'était sans compter sur la nature qui pouvait se montrer traître.

« Eva ! »

Il avait soufflé son nom, horrifié de la voir manquer son coup et éviter de justesse une mâchoire mortelle, qui la condamnerait à se transformer à son tour. Et si cela arrivait ? Si elle était mordue ? Aurait-il le courage de la... tuer ? De lui exploser le crâne pour qu'elle ne se relève jamais ? Oui, sans doute. Merde... Il visa le zombie par réflexe, empêtré avec Eva. C'était un coup à la tuer par erreur. Et à rameuter tous les zombies du coin. Putain, faisait chier. Ils auraient mieux fait de se barrer. Notons qu'il pouvait encore le faire hein. Il pouvait filer pendant qu'elle se dépêtrait avec le zombie, sauf que ce n'était absolument pas son genre. La jeune femme lui donna alors quelques instructions ? On sentait bien la nana habituée à commander tiens, mais cela ne le dérangeait pas. Surtout dans ce cas précis.

TYPE D'ACTION : je frappe le crâne du zombie avec la crosse de mon arme.

Il ne répondit rien aux paroles de la jeune femme, se contentant de faire ce qu'elle lui demandait, il approcha rapidement, abattant la crosse de son arme sur le crâne du zombie, malheureusement pas assez fortement pour le tuer. Juste le distraire un peu et permettre à Eva d'en profiter. Elle était réactive, elle saurait profiter de cette petite distraction pour en finir avec cette saloperie. Rafaël regrettait de ne pas avoir mis assez de force dans son coup pour faire un one shot de toute beauté, mais cela ne fonctionnait malheureusement pas à tous les coups.

Points de vie restants : 22/22
Munitions restantes : Un smith and wesson et 19 balles
Gains des fouilles : //
Endroit où je me trouve : Entre les arbustes et la rivière
Endroit où se trouvent mes ennemis : Un Zack au contact

Tout s’était plutôt bien déroulé, jusqu’à maintenant. On avait eu pas mal de nourriture, dans nos filets et collets. Assez pour tenir un petit peu, pour le groupe. C’était assez encourageant, parce qu’avec l’hiver qui ne manquerait pas de nous tomber dessus et donc le froid, les animaux se terreraient, il n’y aurait donc plus de gibier. Les étendues d’eau gèleraient probablement. Enfin, au moins, avec la glace, on pourrait conserver notre nourriture plus longtemps. Il fallait l’espérer, du moins. Et après, prier pour pouvoir piller un supermarché avec des denrées hors rayon frais. Des conserves. Des trucs qui cuisaient dans l’eau, aussi. Ce serait tendu, mais on pourrait peut-être trouver un réchaud. Du gaz. Des allumettes. Il fallait en tout cas y croire. Si on se laissait aller au désespoir… On sera finis. Enfin, peut-être que l’on pourrait se remotiver mutuellement, si seul un d’entre nous parmi tout le groupe le faisait. On devait l’espérer. Sinon, on serait prochainement amené à abandonner des morts derrière nous. Ou pire, à achever des zombies. Je préfèrerais que ça ne soit pas le cas, franchement.

En tout cas, en parlant de zombie… Foutu buisson, qui dissimulait ce con, qui avait réussi on ne sait trop comment à rester silencieux. Je m’approchais pour le frapper et ne réussit qu’à se cogner, et à louper la créature. Jurant entre mes dents, je m’éloignais alors qu’il claquait ses dents tout près de mon cou, masquant la peur que j'avais de devenir semblable à lui, pour me retourner aussi calmement que possible vers Rafaël. Personne n’aurait pu dire la peur sourde qui se disputait en moi à cette apparence calme, alors que je lui indiquais la meilleure façon de faire.

Il loupa son coup, mais avait réussi à suffisamment distraire la créature pour que je m’éloigne un peu, et vois le meilleur angle pour attaquer. Ce qui ne manqua pas, je frappais d’un coup sec, précis et, fort heureusement, efficace. Poussant un soupir de soulagement, je souris avec un air d’excuse à Rafaël.

« Merci. J’ai été un peu trop optimiste. On ferait mieux de rentrer. On remet les collets et les filets en place, et on y va ? »

Le voyant acquiescer de la tête, je finis par me rapprocher des collets un à un, pour les activer, avant de reprendre le chemin du camp.