Comment avez vous réagi, en fin d'année dernière et au début de cette année, quand les rumeurs d'épidémies se multipliaient autour de vous ? J'ai mis un petit bout de temps à être au courant, c'est pas comme si je regardais les informations ou lisais le journal (certaines personnes continuent à se demander si je sais lire c'est vous dire). J'ai donc eu vent de cette rumeur après la guerre quand Isil m'en a parlé. Entre nous je pense qu'elle a du évoquer le sujet bien avant mais je suis pas certaine d'avoir tout écouté à ce moment-là, j'ai dirons nous un vague problème de concentration quand il s'agit de sujets sérieux et quand c'est Isil qui parle c'est souvent sérieux mais rarement pour me demander ce que j'en pense alors je fais genre que j'écoute et je passe à autre chose. De nombreuses personnes étaient persuadées que la fin du monde arrivait, que le jugement dernier annoncé était enfin au rendez-vous mais moi j'ai surtout à une grosse blague. Un truc pareil ne pouvait être vrai que dans les films ou les séries. Et entre vous et moi si c'était vrai ma sœur et mon père se seraient excités comme des petites puces. Je me fiais à eux et leurs facilités à faire la distinction du vrai du faux, rester devant les infos me donnerait sans doute une migraine en deux secondes chrono, vous avez pas idée à quel point c'est fatiguant de suivre des histoires dont vous avez jamais entendu parler. Pour le moment ils ne semblaient pas inquiets donc je ne l'étais pas non plus.

Où étiez vous au moment où la Grande Panique a débuté début juillet, et comment y avez vous survécu ? Finalement ce n'était pas une blague mais bon on n'est pas du genre à s'affoler dans la famille, enfin si on m'avait écouté on aurait foncé dans le tas et vu ce qu'il se passait. Le plan du siècle ? Définitivement pas et c'est sans doute pourquoi on ne m'a pas demandé mon opinion sur la question. On m'a dit suit, j'ai suivi. Toute notre joyeuse petite tribu (vous sentez le sarcasme ? C'est parce que vous ne connaissez pas encore les phénomènes) s'est dirigée vers le sud pour partir en éclairage et vérifier que tout ceci n'était pas une panique stupide du premier venu. De mes yeux je les ai vu, pendant quelques secondes j'ai ressenti un peu de peur avant de connaître l'excitation d'un nouveau chalenge, une page qui se tournait. Depuis ma naissance on me prépare à survivre à tout, je crois qu'on est même prêt à une attaque alien, pendant vingt ans j'ai pensé que ce n'était que le délire de papy Alvin et de celui de mon père mais finalement c'était là. Sauf que non ce n'était pas le combat de ma vie il fallait qu'on fuit, qu'on se mette en position de force afin de pouvoir survivre, enfin je crois, je devais être en train de bailler à ce moment-là. Toujours est-il qu'on est parti de notre maison après avoir fait nos paquets. J'aurais voulu prévenir des gens de la bande mais je savais que ça nous ralentirait et pire je devrais faire face à la grande devise familiale : les gens ne sont que des outils. Donc j'ai suivi et nous avons continué au Nord.

Comment êtes vous arrivé à Coaticook et ses environs ? Quel est votre plan de survie, à court terme ? Comme je l'ai expliqué, nous avons quitté la maison, comme des voleurs sans prévenir qui que ce soit. Si j'ai tout suivi il était question de laisser Zach dévorer les habitants de Brighton car comme ça cette vague pourrissante resterait derrière nous et nous pourrions même prendre un peu plus d'avance. Maintenant mon plan à court terme : survivre, j'avais pas appris à connaître toutes les baies toxiques pour des cacahuètes. Mais contrairement à ce que je devrais penser il n'y a pas que moi, il y a Isil et mon père. Ces deux grands cerveaux échafaudent dix plans à la seconde et bien qu'ils soient pénibles à leurs heures c'est ma famille et pas des outils alors mon plan c'est de survivre et de les faire survivre aussi, bien qu'ils n'aient sûrement pas besoin de moi.

02 Juin 1995 - Bring Me To Life ¹


L'être humain est incapable de se souvenir de ses premiers instants de vie, les premières années également s'échappent de notre mémoire. Quand je prends le temps d'y réfléchir c'est triste... Ou pas. La nature fais bien les choses et dans mon cas je suis bien contente de pas me souvenir de tout ça. Imaginez la scène déjà un accouchement c'est crade ! Ensuite j'ouvre mes deux gros yeux globuleux et je découvre un double de moi. Et pour achever le tout je découvre que je suis en plein milieu de nul part, en pleine forêt ! En pleine forêt ! Je suis née au XXème siècle quoi ! Donc si je m'étais souvenue de tout ça ou que j'étais consciente des choses à ce moment-là j'aurais collé une paire de claque à mes parents parce que bon sang ils ont vraiment rien dans le crane !
Si je résume : je suis née avec une sœur jumelle, Isil, deux parents timbrés persuadés de devoir se préparer à la fin du monde et qui du coup ont préféré accomplir ce petit rituel de la naissance en pleine forêt (dans la réserve de  Killdeer Plains Wilderness pour être exacte). Je suis sûre qu'après ma naissance je devais les regarder en claquant la langue d'un air désapprobateur. En attendant je venais d'être propulsée dans un monde complètement fou qui n'allait pas tarder à l'être encore plus (ouais c'est possible).


Année 1999 - The Take Over, The Breaks Over ²


« Isil... Je peux dormir avec toi ? » chuchotais-je au pied du lit de ma sœur mon petit carré de torchon serré contre moi. Tyler m'aurait sans doute punie s'il avait su que j'avais gardé un truc pareil mais je le cachais bien sous une des lattes du plancher.
« Retourne te coucher Miriel ! »

C'était un non définitif pour cette nuit. Je soupirais avant de partir dans le couloir. Je détestais dormir seule, Isil acceptait de temps en temps que je vienne squatter son lit mais visiblement pas cette nuit-là. J'étais restée quelques minutes à observer la porte voisine à la notre, celle où Tyler dormait. Sur le coup je pensais avoir un éclair de génie et je filais planquer mon bout de torchon sous le plancher en silence pour ne pas déranger Isil. Elle n'était pas ma seule famille. Notre mère était décédée peu de temps après notre naissance, un accident avec un ours pendant que Tyler se baladait avec elle. Je me souviens encore du jour où il nous a raconté cette histoire j'en avais des frissons. Mais bon c'était pas de la faute de Tyler si elle n'avait pas eu le même entraînement de taré que nous. J'étais de retour dans le couloir, sur la pointe des pieds j'ouvris la porte de la chambre de mon père. J'essayais de me faire aussi discrète qu'une petite souris mais allez faire ça avec un plancher qui craque même sous une pression de dix kilos. Mais je jure avoir été discrète quand même, cela dit j'ai quand même été grillée.

« Je peux dormir avec toi s'il te plait papa ? »

Je me souviens avoir sorti mon attirail de parfait petit ange, celui qu'on voit dans les films. Mais dans le fond j'aurais très bien pu lui réciter l'alphabet grec à l'envers il n'aurait pas été impressionné du tout. A l'époque je nourrissais encore l'illusion que mon père était un être normal, que les nuits où il nous abandonnait dans la nature pour qu'on apprenne à retrouver notre chemin n'était qu'un jeu. Grand mal m'en a pris mais au moins cette nuit-là j'ai compris, ma famille n'était pas celle que je voyais dans les films ou que mes amis à l'école maternelle. Cette nuit-là j'avais fini sur le paillasson avec pour seule explication que je ne devais pas avoir peur du noir ou de la solitude mais que ça devait être le contraire. Sur le coup j'ai rien compris à son charabia et même aujourd'hui je ne le comprends pas ça me rend malade. Roulée en boule sur mon paillasson tout piquant j'observais la nuit qui m'enveloppait. Je ne pouvais pas être une enfant adorable, je devais m'endurcir et arrêter de croire que j'avais la même vie que tout le monde. Si je me montrais trop aimante je serais considérée comme un échec pour Tyler, je devais devenir quelqu'un de plus dur.


Année 2001 – It was always you ³


« Madaaaaame ! Miriel m'a frappée ! »

Quel morveux celui-là. La maternelle c'était fini et ça faisait déjà un moment que je créais à moi toute seule un vent de panique dans la cour de récréation mais je pensais pouvoir tenir au moins une semaine avant de finir dans le bureau de la directrice. C'était mon deuxième jour et le morveux que je venais de frapper, Terry Anderson, m'emmerdait depuis que j'avais mis les pieds dans la cour. Il avait commencé par me dire que j'étais petite et faible, j'étais pas stupide au point de saisir la perche aussi vite. Mais aujourd'hui il avait essayé de me frapper, j'avais donc esquivé son semblant de gifle pour lui coller mon poing dans l'estomac. Il avait eu le souffle coupé pendant dix secondes et si j'étais fière de mon coup c'est parce que Terry avait deux ans de plus que moi. Cet avorton était censé être la terreur des petits de l'école élémentaire mais il ne m'impressionnait pas et sa bande non plus.

J'étais donc assise dans le couloir menant au bureau de la directrice et j'attendais que mon père ait fini de parler avec elle pour savoir à quelle sauce j'allais être mangée. Entre nous je m'en fichais, je savais que j'allais avoir une punition du genre inédit pour l'école et loin de me faire peur l'idée d'être abandonnée à dix kilomètres de la maison ou de devoir me battre avec un ourson me faisait frémir d'excitation. C'est normal à six ans ? Aucune idée mais depuis quelques années j'avais préféré les activités délurées de Tyler plutôt que l'école, le coloriage et compagnie. Quand ils sortirent tous les deux je fixais le mur en face de moi, je n'avais aucunement l'intention de m'excuser auprès de cette tête de nœud et en prime je n'allais pas expliquer qu'il avait commencé. Pourquoi ? Ça aurait sans doute aidé que je le dise, ça m'aurait évité la semaine de suspension mais je voulais passer pour une dure qui n'avait pas besoin de raison valable pour frapper quelqu'un d'autre.

Comme je m'y étais attendue mon exclusion de l'école ne fut pas une perte. Tyler m'avait foutu à la porte aussi, enfin façon de parler. Tant que je serais exclue je ne rentrerais pas pour manger, dormir ou quoi que ce soit, je devais me débrouiller par mes propres moyens. J'avais disparu de leur radar, j'étais dans la campagne environnant la maison où nous habitions mais je n'avais pas montré le bout de mon nez. En fin de compte une semaine c'est méga long. Quand je rentrais à la maison j'avais une faim de loup, des bleus sur l'intégralité du corps à l'exception des parties où la chaire était visible. Selon Isil je sentait le poney ou un truc du genre mais ça ne devait pas être agréable et quand je la serrais contre moi après l'avoir retrouvée elle décréta qu'elle devrait brûler ses affaires qui sentaient vraiment trop mauvais. J'étais de retour à la maison mais étrangement cette nuit-là je n'avais pas envie de dormir dans mon lit, ni dans celui de qui que ce soit, depuis la dernière expérience je dormais seule même si du coup des fois je passais la nuit entière à me retourner dans mon lit refrénant mon envie de retourner à cette habitude que j'avais il y a pas si longtemps que ça. Je passais la nuit devant la porte d'entrée, roulée dans une grande couverture ça passait mieux que les nuits précédentes passées à la belle étoile.

De retour à l'école j'étais devenue pire que la peste, tout le monde m'évitait pour ne pas que je les frappe parce que forcément l'histoire avec Terry avait fait son petit bout de chemin et en plus mes exploits de l'école maternelle en tant que terreur des élèves, institutrices et compagnie avaient été racontés à ceux qui n'étaient pas encore au courant.


Année 2010 – Everything I Didn't Say⁴


L'histoire avec Terry Anderson n'a pas été la seule tâche de mon dossier scolaire. La première partie de ces études s'est déroulée sans événements marquants particuliers, une ou deux bagarres après l'école mais rien qui n'entraîne mon exclusion. En revanche après les choses se sont compliquées. L'entraînement de mon père se corsait toujours un peu plus à mesure que le temps passait mais rien qui ne soit de la véritable torture. Ou peut-être si une fois j'avais refusé de manger mes légumes, des épinards quoi ! Et j'avais du trouver un serpent dans notre rase campagne pour le cuisiner moi-même vu que ce que Tyler préparait ne me convenait pas. Cette histoire s'est terminée avec une intoxication alimentaire parce que j'avais bien entendu cueillis un serpent venimeux mais pas trop sinon Tyler serait intervenu (selon ses dires mais j'ai des doutes sur le sujet).

Quand finalement j'ai atteint le lycée, un véritable petit miracle selon mes professeurs qui n'y croyaient pas une seconde et avaient tout fait pour se débarrasser de moi malgré mon niveau cruellement plus faible que celui des autres. Le premier cycle du secondaire m'ouvrait les bras et j'avais la ferme intention de profiter de ces années pour continuer sur ma lancée : devenir la petite terreur en puissance de mon école. Il était clair que de toute manière je ne ferais rien de bon en cours de maths. Je me présentais donc uniquement pendant les contrôles histoire de rendre un copie où j'avais coché les réponses au hasard parce que je n'avais aucune idée de ce dont ça parlait. Je ne suis pas stupide à ce point mais c'est juste que ça m'épuise de devoir réfléchir à tout ça, si j'avais voulu atteindre le niveau excellent de ma sœur j'aurais du travailler sans m'arrêter et entre nous j'avais d'autres choses à faire. Je me présentais uniquement pour les cours de sport et les travaux manuels.

La première année se passait ainsi, quand je mettais les pieds dans l'établissement j'avais les profs sur le dos pour surveiller si je n'allais pas vendre du shit dans les toilettes ou quelque chose dans ce genre là parce que pour eux je faisais partie de ces élèves à problèmes qui ne dépasseront jamais ce stade. Ça m'emmerdait d'avoir cette étiquette. L'école ne m'aimait pas et moi non plus mais je ne faisais rien de mal si on ne venait pas m'emmerder. Tout ce que je voulais c'était faire du sport et me balader où bon me semblait comme une âme errante, les écouteurs vissés dans les oreilles. Et à la fin de ma première année la conseillère d'orientation m'a convoquée pour parler de ce que je prévoyais de faire. Aucun doute que la direction aurait préféré que je fasse le choix de partir et que j'arrête de causer tant de problèmes. J'entendais souvent le proviseur me demander pourquoi je ne pouvais pas être comme Isil. J'étais donc assise mollement sur ma chaise devant cette conseillère d'orientation qui semblait croire en ses rêves encore. J'étais parfaite dans le rôle de l'adolescente rebelle que rien n'intéresse et que la vie emmerde royalement mais cette bonne femme avait encore de l'espoir et elle s'y accrochait comme une désespérée.

« Tes résultats sont plutôt médiocres en cours. Les profs ont remarqué que tu jouais beaucoup avec tes crayons pendant les interros, les seules heures où tu viens dans les cours standards. Pourquoi ne pas sécher aussi ces heures-là ? »

« J'ai un crayon où j'ai écris des numéros sur les différentes faces. Je réponds comme ça aux questions. Et j'y vais comme ça il y a des notes c'est tout. Sinon je viendrais jamais au lycée. » dis-je d'un air bougon.

« Pourtant tu viens aux cours de sport, tu as d'ailleurs une bonne condition physique. Je vois que tu vas aussi aux cours de travaux pratiques. Mme McCaul dit que tes travaux sont plutôt intéressants. »

« Donc je devrais faire carrière dans le sport ou la poterie ? Juste pour rigoler je veux bien vous voir convoquer mon père et lui dire un truc pareil. »

J'étais sarcastique parce qu'elle commençait doucement à mettre le doigt sur ce que j'aimais et elle allait y voir la possibilité de me faire rentrer dans le moule, me dire que l'école n'était pas le bagne...

« Pourquoi n'essayerais-tu pas d'intégrer l'équipe de cheerleaders ou même juste un sport en particulier. Je t'ai souvent vu près des gradins écouter de la musique penchée sur un carnet. Tu... »

Elle dépassait les limites du raisonnable. Je me levais d'un bond et me penchais sur son bureau après avoir frappé ce dernier des deux poings.

« Écoutez moi bien, je connais pas votre nom et pensez bien que j'en ai rien à secouer. Cheerleader ? Vous en avez d'autres ? Et ce que je fais pendant mon temps libre ne vous regarde pas. Alors on va se mettre d'accord, vous allez écrire dans mon dossier que c'est sans espoir, m'oublier et faire votre vie loin de moi. Si vous essayez encore ça risque d'être franchement désagréable pour vous. »

J'avais conclu sur un sourire en coin. Grave erreur... Le lendemain, Tyler avait reçu une note disant que je devais consulter un psychologue et que j'étais exclue du lycée tant que je ne l'aurais pas fait car je commençais à devenir potentiellement dangereuse pour l'encadrement enseignant ainsi que les élèves. La poisse... J'avais aucune envie de consulter un psy et l'école franchement ça commençait à m'user les nerfs. Mais si je partais je n'aurais plus de cours de travaux manuels... Le sport ce n'était pas un problème je pouvais en faire ailleurs. Avant même que Tyler puisse me dire quoi que ce soit au sujet de cette note j'étais partie dans la campagne environnante. Je devais choisir et pour ça je ne voulais pas qu'ils viennent me parasiter sous prétexte que j'allais attirer l'attention sur notre mode de vie et tout le bazar.

Avec le temps j'avais construit mon petit refuge, en haut d'un arbre plutôt résistant j'avais mis quelques planches pour avoir un semblant de sol mais dans le fond c'était uniquement pour pouvoir y installer mes petites affaires que je ne pouvais pas garder à la maison. Je sortis simplement le piano que j'avais récupéré dans les objets encombrants d'une ruelle. J'avais du le bricoler pour qu'il refonctionne mais selon un vendeur d'un magasin de musique le son qui en sortait était plutôt bon et ne devrait pas fausser ce que je composais. Il était vieux et fonctionnait à piles mais là encore j'avais réussi à me dégoter un chargeur qui fonctionnait à l'énergie solaire. Bref, ma petite cabane dans le haut de mon arbre ressemblait peut-être un truc miteux où je stockais tout un tas de trucs dont je n'aurais pas du vouloir si j'avais réellement suivi la doctrine de mon père mais j'avais besoin de cette musique et je ne laisserais jamais Tyler m'en empêcher. Pour lui tout se résumait à survivre dans un milieu hostile comme si la fin du monde allait arriver un jour. Je l'aime mais qu'est-ce qu'il est con et chiant avec ça ! Si je l'avais détesté j'aurais fait mes valises depuis longtemps mais Isil ne m'aurait jamais suivi pour un truc pareil. Faire de la musique et compter en vivre, elle m'aurait rit au nez et j'aurais sans doute du partir seule. Sauf que jamais de ma vie je ne me séparerais d'elle. Elle était pénible à ses heures, elle m'utilisait parfois (souvent) pour atteindre des objectifs qu'elle ne pouvait pas atteindre d'elle-même mais c'était peu important. Tyler disait souvent qu'il avait bien choisi mon nom, "l'épée noire", juste un outil qu'on peut utiliser. Sauf qu'il n'y avait que Isil qui pouvait m'utiliser de la sorte même si des fois j'aurais préféré qu'elle me le demande franchement plutôt que d'essayer de me manipuler comme si j'étais stupide au point de ne rien voir.


Année 2015 – Until to the end of the world⁵


J'ai décidé de quitter l'école avec l'accord de Tyler. De toute façon je me demande encore pourquoi il s'est acharné à me forcer à y aller. C'était soi-disant pour nous sociabiliser mais je devais me rendre à l'évidence des amis j'en avais eu très peu, juste des gens avec qui je frappais les autres en cas de pépins. Mais c'est tout, je n'avais jamais trainé avec qui que ce soit. Et maintenant que je devais trouver un truc pour occuper mes journées je me rendais compte que cette solitude était pesante. Isil était à l'école, Tyler comptait pour du beurre dans l'équation. Il aurait été capable de me faire faire des exercices en continu vu que j'avais un emploi du temps vide et que le sien dépendait de ses sorties de chasses. Il avait proposé que je fasse la même chose, vendre de la peau d'animaux que j'aurais chassé ? Non merci. J'avais la ferme intention de prendre ma nouvelle liberté pour faire un truc que j'aimais vraiment. Je m'étais rendue compte que j'étais seule et avançant le prétexte de vouloir améliorer mon relationnel pour trouver un job normal ça passait presque pour un argument intelligent. Je n'avais pas inventé la poudre mais je savais que Tyler savait qu'il ne me prenait pas pour une débile non plus.

Comme si le destin me donnait un coup de pouce pour une fois je trouvais un boulot dans une boutique de musique. Ils étaient plus référencés comme disquaire qu'autre chose mais ils avaient le nécessaire pour les instruments, des petites choses comme ça. Mais je n'avais pas l'intention de me laisser emporter je faisais profil bas, la vendeuse standard. Mon patron a vite remarqué que la musique me plaisait bien plus que ce que je voulais lui faire croire, il me fit découvrir l'arrière boutique où il stockait tous les instruments qu'il avait l'intention de vendre. C'est ainsi que j'ai eu l'opportunité de jouer sur un vrai piano. Bon pas un piano à queue d'une grande marque mais c'était déjà cent fois mieux que mon petit piano que j'avais bricolé à plusieurs reprises.

Ce job c'était ma libération, j'avais toujours des exercices à la sauce Tyler pendant mes jours de congé mais quand j'étais au boulot je ne pensais plus à ses idées tordues. J'étais heureuse tout simplement. Et voilà que ce virus arrive. Si j'ai cru que c'était une blague au début il est vite apparu que je me trompais. Tyler nous a embarqué pour qu'on parte en repérage, pour voir ce qui se passait exactement. Nous avons roulé jusqu'au sud de Brighton pour voir ce qu'il en était vraiment de cette rumeur d'épidémie qui se répandait à une vitesse alarmante et c'est à ce moment-là que nous les avons vus pour la première fois de notre existence : Zach ou des p#tains de zombies ! C'était du délire ! Finalement Tyler et papy Alvin avaient raison de se préparer à la fin du monde. Merd* alors !

Je contemplais le spectacle horrifiant que nous avions sous les yeux. J'étais pétrifiée à l'idée que tout ça soit vrai. Qu'est-ce qui allait arriver ? Tout ces gens ? Pour Tyler et Isil c'était clair, nous devions partir vers le Nord. Ok, allez go ! Pourquoi ? Aucune idée mais ils devaient penser qu'aller dans le Nord nous mettrait à l'abri, tout le monde pensait ça. Entre nous ces choses se relèvent même quand on leur coupe une jambe vous pensez que le froid polaire va les faire grelotter ? Toute la famille était en route.

Prévenir les autorités, les gens ? Entre nous je n'avais pas vraiment pensé à ce détail et je n'y pensais pas. Pour moi c'était chacun pour soi comme toujours, du moment que ma famille était en sécurité j'en avais strictement rien à faire. La route fut longue jusqu'à ce qu'on arrive à Coaticook. Mais avec mes deux branquignols que j'aimais du fond de mon cœur on ne pouvait pas prendre la route la plus directe. Il fallait analyser la situation avant de foncer. Nous avons donc contourné la ville et trouvé un groupe qui semblait avoir le même genre de mentalité que la notre.


Août 2015 - Big girls don't cry⁶


Une nouvelle vie débutait. Une vie de merd* parce que j'avais du laisser le piano dans mon petit abri, je ne pouvais pas le prendre avec moi après tout à quoi cela nous aurait-il servi et Tyler aurait sans doute pété une pile en voyant ça. Maintenant ce n'était plus un exercice, c'était le quotidien et il n'y avait plus de droit à l'erreur. Alors de toute manière à quoi m'aurait servi un piano à l'heure d'aujourd'hui ? Défoncer le crane d'un Zack peut-être mais ça me ferait suer de m'en servir comme ça. Qu'importe maintenant je devais protéger ma famille même si chacun semblait penser que le mieux c'était de se protéger soi-même et s'il y avait une attaque de laisser celui des trois qui serait en difficulté. Vous imaginez ? Laisser mon propre père blessé se faire dévorer par un zombie pour gagner du temps ? Un inconnu je ne dis pas mais eux ils me suivront coûte que coûte.

En attendant les journées s'écoulent lentement, le groupe que nous avons rejoint est réputé pour sa violence même envers les autres survivants. Dans le fond ils auraient pu être réputé pour être des violeurs ou ce que vous voulez j'en ai rien à taper. Ma vie se limite à Isil ou Tyler pour le moment, si je m'éloigne je me demande toujours si je les verrais encore après. C'est donc ça la vie de maintenant ? Passer son temps libre à se demander si ceux qu'on aime ne vont pas disparaître ou pire tenter de vous manger un bout d'orteil ? Mais comme avant la Grande Panique j'ai besoin de ces moments de solitude sauf que maintenant je suis juste assise sur le haut d'une branche à observer les nuages, fredonner des choses. J'ai l'impression que les bruits environnants n'ont jamais été autant bruyants qu'avant aujourd'hui. Je donnerai cher pour trouver un ipod, même si ce n'était que pour quelques minutes. J'avais pris mon chargeur de piles dans l'espoir de retrouver un piano électronique mais tout ce que ce boitier me rappelait c'est que j'aurais jamais du toucher à un truc pareil. Ça me faisait mal de l'admettre mais Tyler avait raison et je n'aurais jamais du m'attacher à quoi que ce soit et utiliser que des outils. Le piano n'avait jamais été un outil, je n'avais pas respecté ses directives et maintenant je n'avais plus qu'à taire une bonne fois pour toute ces envies. Comment pourrais-je jouer de toute manière ? Ce serait le meilleur moyen d'attirer Zach en mode horde vers moi. Je me sens vide mais je n'ai pas le choix, la musique ne m'apporterait rien de bon à l'heure d'aujourd'hui même si ça me tue de l'admettre et que je vais probablement devenir folle à force de n'entendre que ces oiseaux qui chantent ou les feuilles des arbres qui font un boucan d'enfer.

Spoiler:

Salut moi c'est ChaZ. J'ai  24 ans et je suis passionnée de séries tv, films, rp, lecture, musique (un peu de tout en fin de compte). Voici mon avis sur le forum : C'est...fiou... parce que bon... *soupire* C'est méga génial de la mort qui tue *ç* (oui j'ai pris mes médicaments mais c'est le temps que ça fasse effet)Je finirais par vous donner le code du règlement :