Je laisse filer un silence à sa réplique, fronçant les sourcils avant de souffler, pensif.

"Quand on a rencontré les autres, Zak’ s’est barré en courant parce qu’il flippait. Et il a pas compris que je pouvais pas laisser des gens que je connaissais pas crever comme ça. On s’est un peu frittés d’ailleurs à cause de ça, surtout qu’on s’est quand même fait tirer dessus. Je l’aurais suivi, on aurait probablement eu moins d’emmerdes. Mais je peux pas me résigner à abandonner des humains. Pas comme ça."

Ouais c’est très con. Surtout quand on sait que ce sont des humains qui ont tenté de nous dézinguer ce jour-là mais, au final, je regrette pas. On s’en sort quand même mieux que si on avait été que tous les deux.

Au reste de ses propos, j’ai un rire avant de hocher la tête.

"Carrément. Il va adorer raconter cette histoire à tout le monde et tu vas devenir une star mondiale de notre petit groupe. La gloire t’attend ou un truc dans le genre."

Mais effectivement, c’est bien un truc qui va faire marrer Zak. Ou il va me regarder d’un air dépité à l’idée que je me sois fait mettre KO par une nana. Je lui jette alors un regard en coin, amusé par sa réplique. Y a pas à dire, une rencontre comme ça, ça fait vraiment du bien. Ca m’empêcher de rester sur mes gardes ok, mais bon, pour une fois, je vais pas en crever non ? Enfin, j’espère quoi.

"T’as toujours raison ? Ah ouais, je vais devoir faire gaffe donc. A pas dire trop de conneries."

Mais bon, voir une fille qui rougit, c’est tellement improbable comme truc que je dois la fixer un peu bizarrement quand même. Alors je continue, pour le fun. Pas comme si ça risquait d’avoir des conséquences de toute façon.

"Ouais, je vais badigeonner les murs de gros traits rouges histoire de pas oublier. Et donc, dans 7 jours. Mais à compter de demain ou demain compris ? Tu vois, ça peut être source d’embrouille en fait, on dirait pas comme ça !"

Le plus marrant dans cette rencontre c’est que même les zacks semblent décider à nous foutre la paix. On visite la baraque comme si de rien était, on raconte des conneries, enfin moi surtout, j’avoue et j’ai un rire quand on parle de nos fringues.

"C’est le moment où tu m’avoues que t’es daltonienne, au moins t’auras une excuse potable. Mais ouais. C’est cool. Vraiment."

J’ai un sourire et je hoche doucement la tête, comme pour confirmer mes propos alors qu’on commence à picoler, doucement mais surement. Ca aussi, en temps normal, c’est le pire des plans. Mais aujourd’hui, je me dis que tout ne peut que bien se passer non ? Je laisse filer un silence à ses propos avant de la fixer longuement et de sortir, à mi-voix.

"T’es toujours envie. T’es donc plus forte que tu ne le croies surtout. Et t’as pas pété les plombs, t’as pas l’air prêt à égorger ton prochain pour un paquet de nouilles chinoises. Je dirais que oui, tu t’en sors vachement bien. Même si tu serais encore plus cool si tu savais faire du karaté."

Quand elle me confirme qu’elle veut pas que je me barre, pas tout de suite en tout cas, j’ai un sourire et je me contente de souffler un "nickel" avant de remplir à nouveau nos verres. Le niveau de la bouteille va descendre dangereusement vite si je continue comme ça mais, pour le coup, je vois de raison d’arrêter en si bon chemin.

"Je pourrais ouais. Mais il parait que je suis trop con pour ça. Ou trop sympa, ce qui dans le fond, revient un peu au même ces derniers temps."

Je lui décoche un clin d’œil avant de finir mon verre et je fronce les sourcils, réfléchissant à ce qu’il serait intelligent de faire là de suite. Arrêter de boire oui. Mais non. Je me relève alors, titubant un peu et je siffle doucement. Il ne faut que quelques secondes pour que Torby rapplique, visiblement ravi que je ne l’aie pas oublié. Je lui grattouille la tête avec un sourire en coin avant de retourner m’installer, m’écrouler plutôt, dans le canapé.

"Il nous préviendra s’il y a des bruits suspects. Tu peux dormir tranquillement, personne pourra t’emmerder."

L’espace d’une seconde, je me demande si je vais peut-être pas réussir à bien dormir. Pour la première fois depuis des mois. Ce serait cool. Je sais pas si c’est l’alcool, le fait de pas me sentir autant sur mes gardes que d’habitude ou autre chose, mais en tout cas, c’est plutôt cool. Je m’étire de tout mon long et il me manque de peu de lâcher un baillement, mais ça le fait moyen.