Eva Mc Allister est la fille aînée d'une fratrie de cinq enfants, dont le père était mécanicien et la mère institutrice dans une école élémentaire. D'une éducation très conservatrice, Eva s'affirme pourtant dès le plus jeune âge comme un véritable garçon manqué, à la plus grande hantise de ses parents. Elle n'hésite pas à se battre contre ceux contre qui elle a des griefs et certains garçons, comme ses frères, n'osent plus se frotter à elle. Eva n'a pas de copines, ou très peu. Elle préfère le sport aux activités d'intérieur, et elle se forge très tôt un corps svelte et malgré tout solide. Eva est du genre rétif, rebelle. Les profs non plus ne parviennent pas à la faire marcher droit. Ses parents, ses frères et sœurs. Elle s'éloigne de ceux qui tentent de brimer sa liberté, son indépendance. En grandissant, elle expérimente les garçons, l'alcool et la drogue. Elle en reviendra ; Eva ne supporte pas perdre la plus petite part de son libre arbitre, et elle ne veut l'abdiquer pour rien au monde, ni amour ni addictions. Convaincue que son avenir se joue dans une carrière aventureuse et musclée, elle finit par entrer dans la police. Bourrée d'idéaux d'égalité et un sens du devoir hérité malgré elle de son père et de son grand père, anciens marines, la jeune femme tombe de haut en arrivant à l'académie du Maine. Elle y découvre un monde brutal et cruel, où sa féminité est un handicap. Raillée et déconsidérée, elle doit fournir plus d'efforts que n'importe quel homme de sa section. Il lui faut endurer de cruelles plaisanteries et de terribles bizutages, où elle se fera encore remarquer par une tolérance moindre à l'humiliation, pourtant monnaie courante dans un endroit aussi masculin. Bagarres et échanges musclés émaillent sa préparation, et ce n'est d'un cheveu qu'elle passe avec succès une commission disciplinaire. Encore un peu naïve, Eva pense, alors diplômée, qu'une nouvelle vie s'offre à elle. Oui et non. Elle est venue à bout de sa famille, qui l'accepte pour ce qu'elle est. Ses amis, pareil. Certains de ses collègues aussi. Mais en arrivant au commissariat central de Scarborough, elle doit de nouveau faire ses preuves. Brimades, bizutages et humiliations recommencent. Eva est quelqu'un de déterminé ; elle craque plusieurs fois dans le privé, mais continue de se montrer inflexible au travail. Elle se taille une place, la sienne. A grands coups de matraques et d'arrestations, de résultats et de prises de risque. En deux ans, elle devient la fille la plus douée de sa brigade. Finies les railleries. Elle se laisse même aller à une romance avec un lieutenant de police, romance qui finit mal peu de temps avant l'épidémie. Celle ci arrive lentement dans le Maine ; on dit que les forces spéciales se déploient à Portland... Les flics de son commissariat reçoivent une brochure, mais personne ne croit à l'éventualité d'une pandémie généralisée. Les mois passent. Puis, au début de l'été, les disparitions se multiplient. Puis les attaques en plein jour, en plein centre ville. Eva voit plusieurs collègues se faire mordre en menottant des infectés. Ils deviennent fous furieux à leur tour. Experte dans le maniement de sa Tonfa, une lourde matraque, elle se bat des jours durant contre l'Infection. Sa famille est décimée, ses collègues aussi. Pourtant la jeune femme tient, raide dans son armure anti-émeutes, et repousse les infectés. On finit par tirer sur eux, par les massacrer. Elle les abat à grands coups de matraques en plein visage. Et puis d'un coup, plus rien. Plus d'ordres, plus d'hélicoptères, plus de sirènes. Rien hormis le gémissement rauques de milliers d'ex concitoyens. Esseulée et traumatisée, familles et collègues massacrés, Eva écoute à la radio de sa voiture de police les déboires de l'armée à New York. Elle ne s'arrête plus jusqu'à la frontière canadienne, où sa voiture tombe en rade. Toujours vêtue et armée pour le service, Eva rejoint un groupe de réfugiés, dont son statut et l'éclat morne de son regard la placent très vite à son sommet. Eva a toujours eu une forte fibre humaine. Aujourd'hui encore, elle protégera les gens sous sa responsabilité. Y compris d'eux mêmes s'il le faut. Après bien des déboires sur la frontière, elle se lie d'amitié puis d'affection avec un père et sa fille, des français. Ils finissent séparés alors qu'elle entame une relation avec Philippe, qui reste en arrière avec sa fille pour couvrir la progression de tout leur groupe de survivants. Pendant des mois, la belle sera en quelque sorte le leader d'un nouveau groupe, les "Protecteurs", avant qu'elle ne disparaisse, kidnappée par des pillards. Elle s'échappe au bout de quelques jours, et retrouve par hasard Philippe, Chloé et leur nouveau groupe. Une distance s'est creusée entre elle et les autres survivants; aucun ne comprend vraiment ce qu'elle a vécu et elle-même, encore sous le coup du traumatisme, a du mal à faire confiance aux autres.