Fall of Man
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Shadow of the day [Livre I - Terminé]
MessageSujet: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyDim 9 Nov - 17:20


Le 08 aout 2015

Mes yeux se perdent dans la ligne d'horizon, droit devant moi, à travers mes lunettes de soleil. Accoudée à la fenêtre de ma chambre, je ne compte même pas les minutes qui passent. Le soleil commence à baisser, mais il n'est pas encore bien tard. Moi, je dois avoir vachement l'air d'une statue pour un étranger qui viendrait à passer devant la maison. Je ne dis pas un zombie, parce que lui ne ferait sûrement pas la différence. Puis un mort vivant, ça ne sait pas lever les yeux au premier étage, non ? J'en sais rien. C'est tellement débile comme réflexion, mais cela me convient parfaitement. Je n'ai pas envie de voir du monde, pas envie de parler à papa ou à Juliette. Pas non plus envie de penser à toutes mes idées noires, tous ces courants contradictoires qui m'agitent... Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je ne peux pas sortir, et pas de blessé dont je doive m'occuper. Alors je reste là. J'ai réussi à éviter la confrontation directe avec mon père, depuis qu'il m'a tout dit. Depuis que je suis partie avec Eva, perdue et tombée par hasard sur cette Isil. On peut dire que j'ai eu de la chance, beaucoup de chance de la trouver. Et d'être revenue vivante, avec les trois zombies qui s'en sont pris à nous. Je les ai liquidés, et ça non plus je ne l'ai pas annoncé à mon père. Je veux retarder au plus la prochaine fois où je me retrouverai seule avec lui, encore plus depuis que je suis partie avec Violet. Bon, cette fois, j'avais une excuse à peu près valable, mais elle ne tiendrait pas une seconde face à Philippe. Et puis, je ne savais toujours pas si je lui en voulais vraiment ou non. Une partie de moi ne pouvait cesser de l'aimer, parce qu'il était mon père, mais d'un autre côté, je n'arrivais pas à lui pardonner. De toute façon, il me serrait totalement impossible d'enterrer ce que j'avais vécu. Je soupire. Peu importe depuis combien de temps je cogite comme ça, mais je n'avance pas. Ca ne mène à rien. Je me sens tellement perdue... J'ai réussi à retrouver une assurance de façade, mais c'est tout. Dès que je pense trop, dès que je me retrouve seule, mon monde s'écroule à nouveau, comme il y a un mois. Je fis quelques pas dans la pièce et m'assis finalement sur le lit. Je restais encore là quelques instants, ne pouvant me décider à faire quoi que ce soit. Je ne pouvais demeurer encore seule face à mes réflexions dérangeantes une seconde de plus. Il fallait que je bouge, que je parle à quelqu'un, que je m'occupe l'esprit. Je disposais de toutes les nuits à venir pour ressesser mes tourments.

Sans trop savoir quel était mon objectif, je me levai et passai le plus silencieusement possible la porte. Personne. Je crus entendre des voix dans la chambre de Juliette, je continuai sans bruit, espérant que mon père s'y trouvait et que je n'aurai donc pas à tomber sur lui en bas. En effet, le rez-de-chaussée semble vide aussi. Je pointe le nez dehors, et traverse la rue, vers la maison qu'occupe Eva. Pourquoi est-ce que je vais la voir, elle ? Aucune idée. Peut être est-elle la personne dont je suis le plus proche en dehors de ma famille, sans non plus qu'elle en sache trop. J'espère juste qu'elle sera là, et qu'elle ne sera pas trop occupée. Il me semblait qu'elle m'avait demandé si un jour, je pourrai lui apprendre quelques bases en français. Je me vois pas apprendre ma langue à quelqu'un, tellement elle peut être compliquée pour un anglophone, mais ça peut me changer les idées. Je passai la porte, avançai encore de quelques pas.

"Eva ? T'es là ? "


Dernière édition par Chloé Esclavier le Mer 26 Nov - 17:52, édité 2 fois
Chloé Esclavier

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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyDim 16 Nov - 19:07

Cela faisait presque une dizaine de jours, que Chloé et moi étions parties, et avions été séparées par une horde trop grande de zombies. Je ne suis pas sûre que j’aurai été en mesure de faire davantage que de les attirer tout en fuyant, et en risquant gros, pour protéger la jeune fille, mais je me sentais malgré tout coupable. Et de l’avoir perdue, mais aussi de l’avoir aidée à sortir. Je n’avais rien à dire à ce sujet, Philippe et Juliette étaient les seuls en droit de réellement décider, mais la jeune fille n’était plus une enfant, et la cloitrer comme ça pour la protéger car elle était la seule à même de nous soigner revenait à la faire lentement mais doucement sombrer soit dans la folie, soit dans un ressentiment de plus en plus grand. Je ne me risquais pas pour autant à en dire quoi que ce soit : de toute évidence, mon opinion n’était pas requise, et serait délibérément ignorée si j’en venais à la formuler à l’attention de la famille de Chloé. Je soupirais, fouillant les placards de la maison que j’occupais, pour essayer de récupérer quelque chose de mangeable. Il y avait bien des conserves… Rien de glorieux, mais nous ne pouvions plus vraiment faire les fines bouches. Je sortais un bol, dans lequel je vidais les lentilles, soupirant. Cette vie me pesait bien plus que je ne le pensais. Cette vie, mes secrets, que j’avais dévoilés en partie à Chloé, ma culpabilité, et tout ce qui me rongeait. Ma maigre nourriture en main, je finis par retourner m’asseoir dans le séjour, posant le bol sur la table basse sans même réfléchir à ce geste. Je ne pouvais nier souffrir de la faim, mais j’avais aussi l’estomac noué, paradoxalement.

J’avais besoin de me défouler, et je ne pouvais rien en faire. Rien du tout. Ou rien de satisfaisant. Si seulement j’avais un punching-ball… Désœuvrée, et bien décidée à ne pas manger de suite finalement, je ramenais le bol dans la cuisine, le recouvrant d’un tissu, et poussais les meubles dans le salon, sans bruit. En cogner un et faire bien trop de bruit ne serait pas intelligent, en plus d’ameuter tous les Zack à la ronde, et de nous mettre tous en danger. Je m’efforçais de faire des échauffements simples, peu prenant en énergie, et pas trop douloureux. Je devais être en forme, si l’on devait avoir besoin de moi. Bientôt, je boxais dans le vide, comme si cela allait m’être d’une utilité quelconque… Mais j’occupais mon temps comme je le pouvais, au final.

Je me figeais, en entendant le bruit de la porte, suivi de pas. Etait-ce un pillard ? Quelqu’un qui pourrait m’assassiner froidement ? Peut-être. Je m’efforçais de ne rien laisser entendre, quand une fois familière retentit. Je me détendais légèrement, m’approchant de la source de la voix, m’efforçant de sourire et d’écarter l’inquiétude qui m’avait prise.

« Chloé ! Que se passe-t-il ? Un problème ? »

L’inquiétude devait transparaître légèrement dans ma voix.

|HJ| Désolée pour l'attente Shadow of the day [Livre I - Terminé] 1687169351


Dernière édition par Eva McAllister le Mer 3 Déc - 19:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyVen 21 Nov - 12:48


Je ne pouvais plus rester enfermée. Ce simple constat était paradoxal, car d'un côté j'assumais totalement cette solitude, ce repliement sur moi même, avant de le fuir. Ma nature n'est nullement solitaire. Avant, j'aimais sortir avec ma famille, mes camarades de classe ou de ma promotion, bien qu'en médecine mon temps était plutôt consacré à mes études. Aujourd'hui, je m'enfermais parce que je ne voulais pas affronter les miens. C'est idiot, je ne pourrais les éviter éternellement. J'en avais totalement conscience, c'était une évidence mais je m'efforçais de ne pas y penser. Je demeurais braquée, seule en essayant de déméler mes sentiments et de déchiffrer le monde. Seule, avec mes pensées qui ne menaient à rien. J'imaginais que papa souffrait un peu, lui aussi, de mon comportement clairement fermé à son égard. Il s'agissait peut être même de ma volonté, dans un pur élan de méchanceté et d'égoïsme. Ca ne me ressemblait pas, mais peut être l'avait il mérité. Cherché, en tout cas. Moi, j'étais toujours perdue entre l'amour et la déception. Qui allait se transformer en haine, si je n'y faisais pas attention. En attendant de retrouver le courage de le regarder en face, je devais lui faire comprendre que je n'étais plus une gamine que l'on enfermait dans une maison pendant qu'on allait courrir en enfer.

Je ne supportais pas, tout simplement. Après un temps passé immobile dans ma chambre, j'avais besoin de faire quelque chose. Agir, bouger, parler, tuer un zombie... N'importe quoi. J'avais peur de me retrouver nez à nez avec mon père. Peur puérile en apparence, mais je n'y pouvais rien. Eva était le premier nom qui me venait en tête lorsque je me demandais qui je pouvais bien voir. Avec Gabriel, c'était trop compliqué par moments. Au moins, Eva... Je ne la pensais pas impliquée dans nos histoires familiales. Peut être me trompais-je en affirmant cela, elle et papa étaient proches... Rien n'excluait que je ne le trouverais pas là bas, d'ailleurs. Heureusement pour moi, ça n'a pas l'air le cas. Sinon, qu'est-ce que j'aurais fait ? Pris mes jambes à mon cou pour rentrer, disparaitre en espérant qu'il ne m'ait pas vue ? Aucune idée, mais peut être bien. Peut être aussi qu'un jour, j'arrêterais de fuir. J'avais bien regardé trois zombies dans les yeux avant de les achever, mon propre père, c'était si dur ? Oui. Bref. Eva m'entend malgré ma voix basse pour ne pas alerter Zack. Je m'avance et finis par la voir, alors qu'elle me demande si quelque chose ne va pas. Je soupire. Pourquoi est-ce que, dès que j'entre quelque part ou que je vais voir quelqu'un y aurait il mort d'homme ? Encore, Juliette ou Philippe, c'était compréhensible, mais Eva n'était pas ma mère, non ? Malgré notre diffiérence d'âge, je la considérais comme une amie.

"Non, personne n'est mort... Franchement, on dirait mes parents. J'avais juste... Envie de voir quelqu'un, de faire quelque chose. Mais si tu es occupée, je veux pas te déranger."
Chloé Esclavier

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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyMer 3 Déc - 20:12

Je soupirais de soulagement, avant de grimacer en l’entendant me comparer à ses parents, et de prendre une mine un peu exaspérée en remarquant ma réaction première. Quand m’étais-je attachée autant, au point de craindre pour leur vie à ce point, et pourquoi m’y étais-je autorisée ? Je ne survivrais certainement pas comme ça. J’avais tué les seuls proches que j’avais, ça n’était pas pour m’en faire d’autres. Et pourtant… Avec Chloé en face de moi, je savais déjà que je trahirais ça. J’aimais beaucoup la jeune fille, et je lui avais probablement confié davantage de choses qu’à qui que ce soit encore vivant sur cette planète. Pourquoi ? Je n’en savais pas vraiment quoi que ce soit, mais je savais qu’elle ne trahirait pas ma confiance. Je ne le pensais pas du moins, mais les choses pouvaient évoluer de bien trop de manières pour que je parie ma vie là-dessus. Personne ne me le demandait, de toute façon.

Je laissais passer un léger sourire, en l’entendant. Elle ne me dérangeait pas, et je n’étais clairement pas occupée. Bien au contraire. Je secouais la tête. « Tu ne me déranges pas, et je n’avais rien à faire, ne t’inquiète pas. Et sache que je n’ai absolument pas l’étoffe d’être mère, et que je ne veux certainement pas m’imposer de cette façon. Désolée de te donner cette impression. »

Je l’étais réellement. Si j’avais compris une chose, c’est que sa vie était bien compliquée sans que je ne me comporte comme un parent de plus. Je ne le voulais de toute façon réellement pas. Je m’avançais dans le séjour qui m’était un peu plus familier chaque jour, malgré le malaise que je ressentais à m’y trouver. Pour qu’elle soit vide, la famille qui s’y trouvait auparavant avait très certainement été dévastée… Elle aurait tout aussi bien pu être tout simplement partie, faute de ressources, mais les photos, dont j’avais baissés les cadres, montraient trois enfants en bas âge – j’étais persuadée qu’ils n’auraient pu survivre. Et l’idée me rendait légèrement malade, et me rappelait la disparation des miens.

J’inspirai grandement, me retournant vers Chloé tout en m’asseyant sur un accoudoir, faisant signe à la jeune femme de prendre place où elle le souhaitait. « Je te proposerai bien à boire, dans le secret, mais je suis à peu près sûre que c’est pas les Zack qui me tueraient si je faisais ça. Y’a des restes de cacahuètes, par contre, si tu veux, dans les placards. Pas grand chose, et certainement pas de quoi nous caler l’estomac, mais bon… » Je laissais échapper un rire légèrement jaune – impressionnant, comme l’on pouvait revenir à des habitudes dérisoires et hautement ridicules en un clin d’oeil.
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyMar 9 Déc - 20:40

[HJ Désolé, c'est pas top ><

J'étais tout le temps sous une espèce de tension, d'appréhension, peut être aussi. Je ne m'en rendais plus compte, à force, mais je devenais presque suseptible. Sensible, je l'avais toujours été, mais dans le bon sens du terme. Je me rendais souvent compte que je pouvais être nerveuse, quand je n'avais rien à faire, quand j'étais dans l'attente, la peur, ou même lorsqu'un simple propos me rappelait quelque chose de désagréable. Peut être est-ce dû à la fatigue, et une bonne nuit de sommeil règlerait le problème, mais même cela je n'y ai plus vraiment droit. Dès que je ferme l'oeil... Les songes qui peuplent mes nuits sont des plus désagréables, et il m'arrive fréquemment de me réveiller en sursaut, transpirante et essouflée car trop de sang a envahi mes rêves. Ca n'arrangeait rien  la situation, même si à ça aussi, on finit par s'y habituer, si bien qu'on ne se souvient même plus ce que c'est qu'une véritable nuit de repos. Nous n'y avions plus droit, dans le monde où nous vivions. Se reposer sur ses laurieurs c'était s'offrir à la mâchoire de Zack. Même si je n'étais pas celle qui combattait la menace, même si on me protégait -peut être un peu trop- je n'échappais pas à la règle. Parce que j'avais peur, parce que je me savais impuissante. Parce que mon monde gisait en cendres autour de moi, et alors que je me vois plongée en enfer je n'ai que des restes auxquels m'accrocher pour continuer. Personne ne m'a formé à vivre dans des conditons extrêmes, à supporter cela. Bref, tout ça pour dire que j'avais sûrement exgéré malgé moi sur mon ton exaspéré. Je ne voulais pas vexer Eva, je l'appréçiais et elle n'y était pour rien dans tout cette histoire. Au contraire, je pouvais presque l'admirer. Après tout, c'était une battante, et elle savait ce qu'elle voulait.

"Non... Désolé, je m'emporte un peu vite. C'est pas ce que je voulais dire."

Je hausse les épaules. Aucune idée de si elle a ou non l'étoffe d'une mère, mais en effet je ne compte pas remplacer Juliette. De toute façon, personne ne recevait de manuel pour être parents, et les miens devaient en être l'exemple parfait. Juliette, c'était différent. Elle était différente. J'avais reporté sur elle tout l'amour que j'avais enlevé à ma mère biologique, remplacé par la haine. Je soupire. Aucune envie de me remémorer ça, le passé est trop douloureux. Le présent se suffit à lui tout seul à ce niveau là, me semble t'il.

Eva s'assoit, mais je la sens un peu mal à l'aise à cause de je ne sais trop quoi. Je me pose dans un autre fauteuil et regarde un peu autour de moi. Elle me propose à manger. J'aurai pas dit non à un verre, même si l'alcool n'est pas dans mes habitudes hors des occasions spéciales, mais si je comprends son point de vue. C'est con, j'ai dix-huit ans, et le la moitié des gens de mon âge quittent leurs parents pour leurs études supérieures. Enfin tout ça... C'est révolu. Et mon père, Juliette, Gabriel, sont les seules personnes qu'il me reste et pour rien au monde je ne voudrais les quitter aujourd'hui. C'est hors propos. Un petit rire m'échappe, en même temps qu'un sourire fugace.

"Je ne veux pas te piller tes dernières cacahuètes, il ne faudrait pas les gâcher."

Mon sourire disparait.

"De toute façon, je n'ai pas vraiment faim. Toi, comment ça va ?"

Ce genre de question peut paraitre vachement inutile, mais il faut bien se racrocher à un semblant de normalité.
Chloé Esclavier

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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyLun 15 Déc - 23:44

Je sens la jeune fille troublée. Je me garde bien de toutes remarques, pourtant. Après tout, qui peut prétendre avoir l’esprit tranquille, prétendre être serein, dans l’état actuel des choses ? Personne. Vraiment personne. Alors non, je ne relève pas. Elle sait que si elle ressent le besoin de parler, je suis là. Ca doit être celle à qui je me suis le plus confiée, depuis tout ce désastre qui pèse sur nos vies, qui fait qu’une menace plane sur nos têtes à tout moment. Elle sait bien des choses sur moi, et sur ma culpabilité qui ressurgit par moment d’avoir achevé ma famille. Famille que je ne veux plus, jamais, d’ailleurs. Je ne survivrai que seule, de toute évidence. Parce que si j’étais capable de tuer mes proches possédés par le virus, l’insanité me guettait, si je persistais dans cette voix. Le poids du remords, la culpabilité d’avoir survécu et pas eux, tout cela finirait par avoir raison de moi et à ce moment-là, alors, je ne survivrai plus. Je dépérirai et mourrai. Mais je devais me ressaisir, arrêter avec de telles pensées morbides, surtout, et essayer de changer les idées de Chloé, qui semblait malgré tout ne peut aller bien.

J’essaye de lui sourire, de lui donner un peu de foi en l’avoir, même si je suis bien loin d’avoir une telle foi. Parce que mon impuissance face à ses soupirs me dérange. Je ne veux pas la laisser ainsi, et pourtant je ne sais pas quoi faire. Son sourire, le rire faible mais bien présent qui l’accompagne, tout cela me réchauffe un peu le cœur, même si ça sonne comme un rire à moitié dépourvu de joie, et à moitié joyeux. Peut-être que c’est le début d’un rire plus sincère. Je lui prends la main, spontanément, alors que son rire meurt dans sa gorge, et que son sourire déserte son visage. Un geste qui lui fera peut-être du bien, et me réconforte moi-même un peu. Jusqu’à sa question, qui me perturbe bien plus que je ne le montre, bien plus que je ne l’admets. Je garde un sourire mais bien plus petit, avant de me lever pour prendre une bouteille de vodka qui se trouvait dans un placard, et deux verres – de ceux qui semblent réellement propres.

Retournant auprès de la française, je nous en sers deux verres. Libre à elle de le saisir ou non, de boire ou pas, mais si je veux répondre à sa question… Disons que ça facilitera les choses. « Disons que je pourrais aller mieux. Le manque de sommeil commence à se faire cruellement sentir. La faim, ça va pour le moment. Le reste… Je laisse ma phrase en suspend. Que pourrais-je dire de plus ? Que je ne cesse de penser à ma famille ? Que je brûle à petit feu, de désirer Philippe et de le savoir pris par une autre ? Que je m’en veux chaque jour un peu plus ? Assurément pas. Et toi alors ? »

|HJ| Désolée, ça n’a rien de sensas’ :s
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Jan - 18:42

[HJ] : J'espère que ça te va ^^

A vrai dire, je n'avais pensé à rien de précis en sortant de ma chambre en catimini et en traversant tout aussi discrètement la rue pour venir faire un tour chez Eva. Je voulais juste sortir, voir quelqu'un. Je ne voulais pas la mettre mal à l'aise, pas mettre les choses à mal entre nous. Je l'appréciais beaucoup. Malgré la barrière de la langue, de l'âge, du pays, elle était celle dont je me sentais le plus proche ici, je ne me permettrai pas de la vexer, ou quoi que ce soit. C'est fou le besoin que je ressentais d'avoir des contacts humains, même quelconques, même avec n'importe qui. Je ne supportais pas cet isolement, cette solitude. Je n'y arrivais pas. Et Eva était peut être tout ce qui me restait en terme d'amis, et je savais à quel point toutes les relations humaines pouvaient se trouver compromises à n'importe quel instant. Tout ça à cause de cette putain d'infection qui avait détruit nos vies, détruit le monde, et qui continuait à le faire. Ce n'était pas seulement que les conditions de vies étaient précaires et que nous étions loins de chez nous, c'était encore quelque chose d'autre, quelque chose que l'on ne peut imaginer en voyant tous ces films sur les zombies. Se retrouver plongés dans cet enfer impacte tout, chaque parcelle de votre être à chaque seconde de votre vie. Peut être que pour quelqu'un habitué à la survie ou à la guerre, ça doit être plus facile mais je n'en sais rien. Je sais que chaque recherche de normalité sonne faux, tous ces "comment tu vas?" "tu veux boire quelque chose ?" me faisaient mal, mal car je savais que plus jamais je ne pourrai revenir à cette normalité. Pourtant, je la cherchais. Je cherchais des ruines, des cendres, des débris, pour me raccrocher à quelque chose. J'ai l'impression qu'on fait tous ça, franchement.

Il est tout aussi étrange de sentir la chaleur de sa main sur la mienne, alors que je ne m'y attendais pas. Je ne la repousse pas. Je veux juste briser cette tention qui m'habitue, juste sortir de ma bulle. Est-ce que ce contact me faisait du bien ? Peut être un peu. Je savais pas vraiment. Je ne savais pas non plus si je serai capable de me confier à Eva. Déjà, mon anglais de base ne me permettrait pas de tout exprimer, et puis... Non. Je ne sais pas si j'en serai capable, tout simplement. Pourtant, elle m'avait confié par mal de ses troubles, et moi je n'arrivai pas à vraiment me confier. Même si je l'appréciais et lui faisais confiance.  Elle ne savait pas pour mon agression, je ne pensais pas que papa le lui ait dit. Je la regardai s'éloigner en pensant à tout cela, esquissai un petit sourire amusé lorsque je la vis revenir une bouteille de vodka à la main. Juste un verre... Ca m'étonnerait que papa m'en veuille, il n'avait jamais été du genre trop protecteur avec moi de ce côté là. Peut être parce que de toute façon, il n'avait pas si souvent été là pour ça... J'étais sortie avec des amis parfois, quelques soirées arrosés... Mais rien qui n'ait dégénéré. Non, éviter de penser au passé. A un passé si proche, si frais, et pourtant si éloigné. Si différent. Un autre monde. J'hésite, un instant, puis finis par prendre le verre.

"Ca peut aller. La faim ça va aussi. C'est plus... De devoir rester enfermée, tout le temps. Je sais que c'est pour ma sécurité, mais j'ai envie de sortir, des fois, d'aller affronter ce qu'il y a dehors..."

Je porte le verre à mes lèvres, coupant net ma phrase. L'alcool me brûle la gorge, mais d'un autre côté il me fait du bien.

"Enfin... Je veux pas t'embêter avec ça."
Chloé Esclavier

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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyVen 9 Jan - 0:01

Si je ne savais pas ce qui poussais Chloé à venir, cela me faisait tout de même plaisir. C’était après tout, après son père, la personne avec laquelle je m’entendais le mieux, dans tout le groupe. Elle était d’une étonnante maturité, pour son âge, et d’agréable compagnie. Malgré toutes nos différences, malgré cette gêne que je ressentais par moment en sa présence à cause de ce que je ressentais pour son père, malgré nos difficultés à communiquer de temps à autre à cause de la barrière de la langue. Bref. Toujours est-il que, lorsque je ne suis pas constamment tendue ou à l’extérieur à la recherche d’un quartier moins dangereux, de ressources abandonnées… ce genre de choses, toujours est-il qu’alors, je suis ravie de passer du temps avec elle. Du temps qui pourrait presque donner une illusion de normalité, dans ce monde ravagé que je ne reconnais plus, que plus personne ne devait reconnaître, à vrai dire. Enfin bon… Il était inutile de ressasser ça, surtout maintenant, alors que la jeune femme recherchait ma compagnie. Elle aussi, devait ressentir ce besoin de retrouver un semblant d’habitudes, d’attitudes que nous ne serions peut-être plus jamais amenées à retrouver réellement. Pourquoi me demander comme ça va, sinon ? Certainement pas en attente de franchise en retour. Elle qui savait mes hantises et ma haine personnelle parce que j’avais tué ma famille savait aussi que je n’allais pas bien du tout. Même si j’avais des hauts et des bas. Aujourd’hui, contrairement à certaines fois, je tenais le coup, j’encaissais. Pour combien de temps ? Je haussais les épaules pour moi-même. On ne pouvait pas prévoir le futur, alors autant considérer les choses au jour le jour. Et aujourd’hui, j’allais plutôt bien.

Autant y aller à fond, dans l’attitude de normalité, d’ailleurs. En profiter. Je revins rapidement en compagnie de Chloé, bouteilles et verres en main, nous en servant à chacun. J’avais une attitude bien peu conventionnelle à ce sujet, pour une américaine – résultat de mes abus précoces, surement, qui m’avaient totalement désinhibée d ce côté là. Mieux valait qu’un jeune boive de manière raisonnable en compagnie d’être matures et sensées, que de se mettre une murge avec d’autres jeunes, et que des choses horribles arrivent. Oh, j’assumais tout, mais ça ne justifiait pas pour autant la débauche dans laquelle je m’étais plongée, lorsque j’étais adolescente puis jeune adulte. Enfin bon. Je ne comptais pas laisser à Chloé l’occasion de faire ainsi – d’abord parce que ça ne me regardait pas, et ensuite parce qu’elle n’aurait pas beaucoup de personnes avec qui le faire, actuellement. Et puis, ça voulait dire la laisser à la merci des zombies, et la mettre en danger, et je m’y refusais entièrement.

Je portais le verre à mes lèvres en même temps, n’en buvant qu’une gorgée. La chaleur qui se répandait dans ma gorge étant à la fois irritante et agréable. Même si en cocktail, cet alcool était bien mieux. Je souris à Chloé, avant de lui répondre.

« Tu peux tout me dire, Chloé, tu ne me dérangeras pas. C’est pas bon de garder ça pour toi, surtout si tu oses pas en parler à ta famille. Et si ça te tracasse. C’est déjà pas facile, alors… je te force à rien. Mais n’hésite pas à venir me parler. Et ne pense pas m’embêter. »

Je m’arrêtais un instant, réfléchissant. Hésitant à continuer. Oh, et puis, elle devait le savoir.

« Et c’est normal, que tu tournes en rond, à l’intérieur, et que tu veuilles sortir. D’autant plus que tu n’es pas en sucre. Même si tu ne sais pas te battre. Et tu nous es très précieuse, parce que tu es la seule à même de nous soigner, mais il faut savoir que tu peux devenir folle à être enfermée. Tes parents ne veulent rien entendre, n’est-ce pas ? Tu ne dois rien leur dire de cette conversation. »
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyDim 11 Jan - 16:26

La chaleur de l'alcool dans ma gorge me procure une étrange sensation. A la fois agréable et dérangeante. Peut être parce que je ne suis pas aveugle et que je sais bien que ce genre de chose n'est qu'éphémère. Plus que le reste en tout cas, car dans ce monde, chaque chose l'est. Il faut vivre avec, c'est tout. Et disons que c'est justement là que ça bloque, je me sens seule, perdue, détruite. Et paradoxalement bien décidée à continuer à avancer. C'est simplement que j'ai peur de ne plus trouver d'accroches pour y parvenir. Mais là, concrètement, qu'est-ce que j'étais en train de faire, qu'est-ce que je comptais faire ? Raconter mes petits malheurs à Eva, et espérer que les mots qui sortiraient de ma bouche les effaceraient comme par magie ? Non. Et puis je n'aimais pas me "plaindre", pas m'étaler sur ce que je pouvais ressentir moi. Parce que je n'arrivais pas à y mettre moi même des mots, pas toujours, et parce que c'était beaucoup plus difficile de parler de soi que des autres. Je pourrai passer des heures à entendre quelqu'un me raconter sa vie, je pense. Je pense que je préfèrerais ça à ne pas savoir où j'en suis, et en arriver à le confier à quelqu'un d'autre. Pas que je concevais ça comme une faiblesse mais... allez, si, soyons sincères. Pas concernant autrui, mais me concernant, un peu. Pourtant je savais qu'Eva ne me jugerait pas, ni rien, je savais au contraire qu'elle pourrait peut être même m'apporter des conseils.... Et peut être qu'elle en était la seule capable, en fait. Je savais ce que me dirait mon père, je m'en doutais en tout cas. Je pouvais parler à Juliette, aussi. Mais je la considérais comme ma mère et on ne dit pas toujours tout à ses parents, n'est-ce pas ?

Bref. J'atteins rapidement le bas du verre et m'arrête de boire, en laissant juste un fond. Je laissais mon regard se perdre dedans, quelques instants. La jeune américaine tente de m'apaiser, de me mettre à l'aise. Je lui en suis reconnaissante, et j'ai un peu honte d'en arriver à ça. Mais bon... Je serai bien obligée d'assumer à un moment ou à un autre, alors bon. Encore une fois, je ne comprends pas tout ce qu'elle me dit, mais l'idée générale est là, et c'est l'important. C'est ce qu'on nous disait en france, pour apprendre l'anglais. Ne jamais chercher à tout entendre ni tout comprendre, les grandes lignes sont bien suffisantes. Je reporte mon regard sur Eva. Même penser aux cours, penser à la banalitée des journées lancinantes du lycée, ou celles, largement plus intéressantes, de la fac', me faisait mal. Surtout la fac'. La médecine, c'était ma vie, en fait. Et maintenant, les quelques maigres choses que je savais devaient servir à maintenir des hommes et des femmes en vie, dans une situation à laquelle on ne m'avait pas préparée. Pas de moyens, pas de livres, rien. Un bon exercice pour apprendre, vous me direz. Sauf que ça n'en n'est pas un.

"Non, ils ne veulent rien entendre. Même si j'arrive à les comprendre, ça m'énerve."

Je m'arrête, un instant. Eva est proche de mon père... Je sais pas. J'oublie souvent cette facette là, ne la considérant que comme une amie. Je reprends, finalement. Avec mon anglais rudimentaire, de toute façon... J'esquisse un sourire.

"Non, je ne leur dirais rien. Toi non plus ? Je peux te faire confiance ? Je pourrai leur dire, il n'y a rien de vraiment secret, mais..."

Je hausse les épaules.

"La médecine, c'était ma passion et ça l'est toujours. Je sais que c'est utile, mais j'aimerai bien savoir me battre aussi, ne pas être un... mm... poids. Tu vois ce que je veux dire ? Si jamais on se fait attaquer. Même si mon père me protègera, j'aimerai bien pouvoir le faire moi même aussi."
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyDim 25 Jan - 21:18

Un sourire flotte sur mes lèvres, mais il est bien triste, bien que j’apprécie déjà l’idée de passer un moment avec la jeune fille… femme. C’est une jeune femme, propulsée dans une horreur sans nom, que je n’aurai jamais su affronter à son âge. Que j’étais à peu près certaine de ne pas savoir affronter actuellement. C’était là une situation bien difficile et complexe, malheureusement. Alors même si je savais que c’était éphémère, que ça ne règlerait rien au problème… L’idée de passer un simulacre de soirée en mettant nos problèmes de côté était alléchante malgré tout. Ce soir, pas de zombies pour nous interrompre – j’avais de toute façon protégé la maison contre ça, l’occupant seule -, aucun ne nous ferait du mal, j’y veillerai. Je ne devais pas laisser l’alcool que j’avalais émousser mon jugement et mes réflexes malgré tout, mais je me contenterai d’un unique verre. Chloé, si elle le souhaitait, pourrait en boire davantage. Si ça l’aidait, si elle ne se sentait pas aussi désemparée et inutile comme ça… Si cela lui donnait l’impulsion nécessaire à confier ce qui la rongeait… Ou pas. Tout aveu n’était pas indispensable, cela dépendait bien de tout un chacun. Mais dans tous les cas, j’espérais que passer ce moment avec moi saurait apaiser un peu le tumulte de sentiments qu’elle devait ressentir et ne pas comprendre. Je ne comprenais pas moi-même les miens.

Je ne suis pas certaine de comprendre tout ce qui passe par la tête de Chloé, mais il est évident qu’elle est ailleurs. A-t-elle des secrets qu’elle est incapable de confier ? Je ne l’y pousserai pas, pas curieuse pour un sou et respectueuse de l’intimité des autres comme je souhaiterai qu’on le soit de la mienne, mais je n’ai qu’à espérer que cela ne la taraude pas à l’excès, et ne lui fasse pas lentement perdre la raison. Je ne suis pas psychologue ni rien, et bien loin de savoir juger de ce genre de choses, mais j’imagine que c’est possible… N’importe qui pourrait perdre la raison, dans cet enfer.

Mais elle me sourit, faiblement certes, mais c’est tout de même un sourire qu’elle m’offre. C’est encourageant. Je souris mon tour, en l’entendant. Forcément, ça l’énerve. Je crois que j’aurai depuis longtemps pété un câble et aurai agi de manière inconsciente, pour faire comprendre à mes propres parents que je n’étais pas en sucre, et que je n’avais pas besoin qu’ils m’étouffent. Je ne le lui dirai pas, évidemment. Pas comme ça, en tout cas.

« Laisse leur du temps. Je sais, c’est super dur à dire, et je ne sais pas si j’en aurai la patience si j’étais toi, mais ils sont, vous êtes, nous sommes tous même, confrontés à quelque chose d’invraisemblable, de dangereux, et dont la logique ne saute pas aux yeux. Ils s’inquiètent, et essayent de te préserver. Ils finiront par voir que ça n’est pas la solution… Que malgré toute la bonne volonté du monde, tu pourras te retrouver séparée d’eux, et que tu devras savoir te débrouiller. Je ne le souhaite pas, et je ferai tout pour que ça n’arrive pas, mais c’est une réalité qu’ils devront affronter. Et je ne dirai pas le moindre mot de cette discussion à tes parents. Sauf peut-être pour intercéder en ta faveur, mais je suis à peu près sûre que citer ton envie de cela soit un frein à ton apprentissage ou ta liberté à regagner, alors je ferai mieux dans tous les cas de me taire. »

Je souris à nouveau, en l’entendant. Elle a un discours clair et assuré, malgré son manque de maîtrise de ma langue natale. Elle est cohérente, et se fait parfaitement comprendre. « Sois sûre d’une chose, tu ne seras jamais un poids. Pour aucun d’entre nous. Pas parce que tu nous es précieuse parce que tu peux nous soigner, mais parce que tu es quelqu’un de bien. Tes parents t’aiment, je tiens à toi… Ca nous suffit à te protéger. Mais ça ne peut te suffire à toi. C’est normal. Tu ne peux pas tolérer de rester passive, quand ta famille est en danger, et que tu as peur pour elle. Si tes parents ne l’ont pas encore compris… Mets les face à leurs réactions, s’ils étaient à ta place. Si tu devais combattre, et qu’eux restaient là les bras ballants… C’est pas facile, mais ils comprendront, tôt ou tard. »
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyVen 30 Jan - 19:44

[HJ] : Du coup à la fin, quand j'ai mis en italique c'est qu'elle parle français ^^

Est-ce que c'était ça que je voulais, que j'attendais en venant voir Eva ? Est-ce que c'était ça que j'étais venue rechercher ? Cette écoute, cette confidente dans un sens, même si je ne pourrais jamais tout lui dire ? Inconsciemment, peut être. Je m'en rendais compte, et ça ne me plaisait pas. C'était pas moi ce genre de comportement, ça ne me correspondait pas du tout, et franchement... Ca m'énervait. Comment en étais-je arrivée là ? Ou plutôt, où en étais-je vraiment ? Autant de questions, autant de points d'interrogations qui tournent et virevoltent dans ma tête. Pourtant ces interrogations, je ne les formulerai pas à voix haute. Si quelqu'un doit, peut trouver les réponses, c'est moi. Et d'ailleurs, je fais déjà assez ma plaintive comme ça. Eva n'a pas à entendre ça, ce n'est pas son rôle. Juste celui que je lui donnais ce soir, sans lui demander son avis, la permission, rien. Elle ne le voulait peut être pas, mais elle ne me le montrait pas. Et moi... Je n'arrivais pas non plus à me sortir totalement de la tête qu'elle n'était pas que mon amie, mais aussi celle de mon père. Qu'ils passaient beaucoup de temps ensemble à l'extérieur. Ca me dérangeait juste dans le sens où je sentais une certaine gène à lui parler ainsi de lui, comme une fille parle de son père à une de ses amies du bahut ou quelque chose dans le genre. Je savais que je pouvais lui faire confiance mais elle restait plus proche de Philippe que de moi. On avait pas le même âge, et même si ça ne posait pas tant de problèmes... Je me prends à m'imaginer à une trentaine d'années, moi aussi. Dans le monde qui s'est écroulé sous mes pieds, me laissant tomber dans le précipice où je me trouve aujourd'hui. J'aurai fini mes études, je serai docteur, ou encore chirurgienne, j'aurai mon appart, peut être un compagnon, et... Pourquoi je me fais mal comme ça ? Pourquoi je peux pas m'en empêcher, pourquoi j'ai si peu de contrôle sur mes pensées lorsqu'elles décident d'envisager l'impossible ? Si j'arrivais à atteindre la trentaine dans ce monde... Ca serait moins drôle. Bizzarement, je n'arrivais pas à me faire une idée de ce que ça serait. Exactement comme aujourd'hui. Dix fois pire. Mieux, même si pour le moment je n'étais pas très optimiste. L'homme reprendrait difficilement ce qu'on lui avait arraché en si peu de temps...

Les paroles d'Eva font écho à mes pensées : non, la logique ne saute pas du tout aux yeux. J'esquisse un sourire triste.

"Il faut juste que je me lance, que je trouve le bon moment pour leur dire. Je sais que c'est pas facile pour eux, ça... ça l'est pas pour moi non plus. De penser qu'un jour on pourrait être séparés. C'est grâce à eux que j'ai tenu, au départ."

Mais pourquoi je lui dis ça, merde ? Je regarde mon verre, que je viens de finir. Je reporte mes yeux sur Eva, finalement.

"Merci, je... Désolé de t'imposer ça. Tu dois déjà avoir tes propres problèmes et tout... Dis, c'est un peu, heu... exessif, si je reprends un verre ?"

Je me pince les lèvres, me rendant compte que j'ai parlé en français.

"Je veux dire... Un peu beaucoup, un autre verre ?"
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyVen 27 Fév - 2:46

Que pouvais-je apporter à la jeune femme, car c’est ce qu’elle était, sinon une oreille attentive et compréhensive ? Je n’avais pas vocation à la juger ni même à la rejeter. Simplement à l’écouter, et à lui offrir mon avis. Jamais je n’aurai su faire face à une telle expérience à son âge, menant une vie bien trop dissolue, et elle faisait déjà preuve d’une sagesse bien plus grande que celle que j’aurai eue pour ma part. Alors si je pouvais, à ma manière, la décharger un peu du fardeau qu’elle devait porter… Je me devais de le faire. J’étais même ravie de le faire. Je ne m’expliquais pas l’affection que j’avais vue naître de ma part pour Chloé, mais elle était bien là, et je n’étais pas du genre à m’embarrasser de faux semblants pour nier cela, ou même de me mentir à moi-même. Le sourire triste sur son visage me perturbe, mais que puis-je y faire ? Je ne peux pas l’arracher à cette catastrophe, malheureusement. Il n’est pas en mon pouvoir de lui offrir l’insouciance dont j’ai pu jouir, la légèreté, malgré l’impression que j’avais de porter le poids du monde sur mes épaules. Non, je ne peux que tenter de la soutenir et de lui apporter ce qui doit ressembler le plus à une amitié à nos yeux à chacune, dans ce monde ravagé. Cette pensée me fait mal au cœur, me rappelant tout ce que j’ai perdu, mais je m’efforce de contenir le rictus qui pourrait poindre sur mon visage. Je ne souhaite pas partir sur la route des souvenirs, me perdre dans une douleur que j’aurai bien du mal à surpasser, et j’élude cette pensée autant que possible. Je ferme brièvement les yeux, inspire grandement, pour essayer de m’apaiser. Je ne sais pas si ça aura le moindre effet, mais je ne peux céder à la détresse. Ni maintenant, ni jamais. Jamais je ne m’y autoriserai en la présence de qui que ce soit. Mes pensées les plus personnelles le sont restées, et je ne permettrai pas qu’il en soit autrement.

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous restiez ensemble, Chloé. Tout. Nulle famille ne devrait être séparée, encore moins lors d’une putain d’apocalypse zombie. Y compris me sacrifier. Je sentais les larmes poindre sous mes yeux, et finissais mon verre d’une traite, comme pour dissimuler le trouble. Pas que l’idée de me sacrifier me soit insupportable, non. Celle d’avoir du faire mes adieux à ma famille sans vraiment les faire, en revanche… L’idée que je les avais tués… Oh, je ne pouvais pas l’affronter. Jamais. Ni maintenant, ni dans le futur. Alors je devais tout faire pour que la leur reste intacte. Et tu n’as rien qui justifierait que tu t’excuses. Mes problèmes, les seuls, c’est que nous survivions. Tous. Vous encore plus, afin que vous restiez ensemble. Que vous ayez un avenir, dans cette terre dévastée. Que vous puissiez surpasser la menace et, un jour, retrouver un semblant de normalité. D’habitudes. De vie sans crainte d’être bouffée au coin de la rue. Si je peux accomplir ça, alors je serai heureuse. Et ça passe par le fait de t’écouter, de te conseiller si je le peux, et de te permettre de ne pas ressasser les choses et les garder pour toi. »

Je n’avais jamais réalisé le fatalisme dont je faisais preuve. Je n’étais d’aucune importance, si ce n’est celle de permettre aux autres de survivre. Je n’étais pas prête à mourir, ni désireuse de finir trente-six pieds sous terre - quoi que ça soit plus engageant que de devenir un monstre -, mais j’avais une conscience aigue de mon propre rôle. Et il n’excédait pas celui de protecteur. Je souris un peu plus franchement à Chloé tant en l’entendant me parler sans rien comprendre qu’en entendant sa demande, lui resservant un verre en même temps qu’à moi.


Dernière édition par Eva McAllister le Lun 2 Mar - 22:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyLun 2 Mar - 18:24

M'épancher sur mes malheurs me dégoutait, jamais je n'avais eu telle attitude. Elle n'était pas véritablement dégradante, je le savais, mais faire cela me génait tout de même. Eva avait son propre quotat de souffrances, quoi qu'elle en dise. Même si je comptais pour elle, je ne voulais pas l'accabler de maux supplémentaires aux siens, mais c'était plus fort que moi. Il y a forcément un moment où les choses doivent sortir, même si ce n'est pas le bon moment ni le bon endroit, peut être pas non plus la bonne personne. Peut être que le vase est trop plein, plein de larmes et de sang, et qu'il déborde. Il déborde sûrement depuis longtemps et il n'en n'a pas fini. Qu'y puis-je ? Pas grand chose. J'ai toujours eu beaucoup de mal à cacher mes émotions, à les contenir, et tout cela ressort forcément aujourd'hui, dans ce monde qui m'a tout pris, tout volé, privé de lumière et d'avenir. Il ne me privera pas d'humanité. Il ne me privera pas d'aimer les quelques personnes qu'il me reste, et celles que le hasard a pu me faire rencontrer. Je sais que les gens peuvent mourir d'un jour à l'autre, d'une seconde à l'autre, que je peux encore tout perdre, encore plus, mais il faut bien que je vive avnat ça, non ? Je sais que je peux compter sur Eva, j'ai envie de compter sur elle, elle est celle dont je me sens le plus proche à part mes parents. Alors qu'au fond, je ne sais pas forcément grand chose d'elle... On a déjà parlé, je sais qu'elle souffre, qu'elle a dû faire des choses horribles... Mais sa vie avant tout ça, avant ce cauchemar, je n'en sais rien, et je ne vais pas aller le lui demander. Est-ce que le passé a encore une importance, de toute façon ? Je sais pas. Je pense pas. Le tout, c'est qu'on survive, c'est qu'on arrive au bout s'il existe. Sinon, qu'on ne sombre pas totalement. Mais c'est dur d'oublier le passé et le futur qu'il promettait, qui semblait si évident, et qui aujourd'hui n'est plus que le plus fou des rêves. Bref. Je voulais quand même que mon futur, s'il pouvait encore exister, ne soit pas qu'une longue et lanciante descente aux enfers. Ni pour moi, ni pour ceux qui étaient avec moi. Je voulais pas les faire souffrir, les mettre en danger, ou quoi que ce soit. Je comprenais qu'Eva serait prête à beaucoup pour nous, et ça me touchait énormément. Je voudrais pas... Pas qu'il lui arrive quelque chose, un jour. Pas plus qu'à mon père ou à Juliette. Mais j'étais bien impuissante.

"Je... Merci. On a vraiment beaucoup de chance de t'avoir. Je voudrais pas te perdre, ou... Enfin."

Je lâchais un léger soupir. Je détourne les yeux d'elle, me replonge sur le verre vide, presque vide, trop vide. J'ai jamais vraiment été portée sur l'alcool, à part lorsque ça faisait partie des soirées, avec des amis... Des choses que je ne vivrais plus jamais non plus. Mais là, avoir un verre entre les mains avec quelque chose à boire dedans, quelque chose qui me brûlait un peu dans la gorge quand ça passait, ça me faisait du bien. En tout cas c'est ce que je tentais de m'imaginer, parce que ça règlerait rien, aucun de mes problèmes. Rien ne le peut, mais pourtant ils sont là, et j'en parle quand même un peu. Un peu. J'essaye de pas trop m'étaler. C'est peut être déjà peine perdue, mais bon. Elle me parle d'avenir, d'espoir. J'essaye d'y crorie, j'essaye encore de me dire qu'il peut ressembler à cette vie dont on m'avait dépouillée. Je reporte mon regard sur elle, un peu tremblant.

"S'il peut exister pour nous, il peut aussi exister pour toi, tu sais. Je vois pas pourquoi tu t'exclurais du lot. Tu comptes aussi."

Je sais pas si j'avais mal compris ses paroles ou pas, si elle ne sous entendait vraiment que nous, sans elle, quand elle parlait d'avenir. Je ne bronche pas quand elle me ressert, et fais la même chose avec son propre verre. Je l'approche doucement de mes lèvres, et bois encore une petite gorgée.
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyMar 10 Mar - 20:10

Comment lui expliquer que mon rôle avait toujours été de prendre soin des autres, physiquement, mais aussi légèrement psychologiquement ? Beaucoup de flics étaient rustres, rudes, peu à l’écoute, mais pas moi. Parce que je ne croyais pas au fait de violenter quelqu’un, pour le faire parler. Bien sûr, des fois, des sacrés enflures avaient besoin d’être secoués, mais c’était des gens qui ne méritaient pas de clémence. Ou pas vraiment. Pas comme des innocents, victimes de tout et n’importe quoi. Ou même des moins innocents, mais pas irrécupérables. Chloé était des premiers. Innocente, pas victime. Et l’affection que j’avais fini par avoir pour elle nécessitait que je sois là, quelles que soient les circonstances. Quelle que soit mon propre état, quels que soient les doutes qui me taraudent, ou mes pensées les plus honteuses, que jamais elle ne devait savoir. Oh non, je lui avais confié beaucoup de choses, mais jamais je ne lui avouerai ça. Je ne pouvais admettre apprécier plus que de raison un homme, qui plus est marié – ou presque, c’était tout comme. Il élevait le fils d’une autre, qui élevait sa fille. Je n’avais pas ma place dans cette équation, et je ne la voulais pas. Pas si ça impliquait de fauter comme ça. J’avais fait bien des choses dont je ne suis pas fière, mais jamais voler celui qui appartient à une autre, et je ne comptais pas commencer. Ni maintenant, ni jamais. Je préférerai m’offrir à un zombie corps et âme que ça. Mais je ne pouvais pas penser à ça. Pas en la présence de Chloé. Je n’étais pas stupide au point de penser qu’elle ne verrait pas mon trouble, qu’elle ne me verra pas perdue dans mes pensées. Je fixais de nouveau la jeune femme.

« Je ne compte pas vous abandonner, aussi longtemps que je le pourrais, Chloé. Sois rassurée à ce sujet, je veillerai sur vous. Et ta mère, ton père, eux aussi veillent sur toi. Eux aussi, sont doués, et à même de survivre. Tu n’as pas à trop t’inquiéter, avec nous, d’accord ? »

Peut-être que mes paroles sembleront creuses, inutiles, mais j’ y crois sincèrement. Aussi sincèrement que je me crois prête à me sacrifier pour eux, si l’occasion devait se présenter. J’espérais simplement qu’il y aurait toujours un moyen de m’en sortir, sans renoncer à la vie. C’était de toute façon tout ce qu’il me restait. Tout ce qu’il nous restait. L’espoir, la volonté de survivre le plus longtemps possible. De voir, peut-être, la fin de l’épidémie. Le contrôle, au moins. De trouver un moyen de la renverser, de faire redevenir humains les malheureux touchés. Si ça devait arriver… J’apprécierais à sa juste valeur cette idée, mais je ne m’en remettrai pas. Pas après avoir décimé ma famille. Non, je ne m’en remettrais jamais. Je vois bien son hésitation, son air incertain, alors que j’essaye de lui insuffler cet espoir que je me force à ressentir. Comment l’en blâmer ? Comment croire en notre survie, quand on est en plein dans un tel piège ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Plus du tout. Mais je ne peux pas le lui avouer.

« Parce que j’ai laissé ma famille derrière moi, parce que je ne leur ai laissé aucune chance. »

Je m’efforce de maîtriser ma voix, de ne pas laisser passer ma détresse, bien que je sache improbable qu’elle ne décèle pas ne serait-ce qu’une petite once de ma douleur. J’ai envie de boire ce verre d’une traite, et de m’en resservir, mais c’est hors de question. Ca sera mon dernier. Il me serait si simple de retomber dans mes anciens travers, surtout dépitée comme je le suis.
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyVen 13 Mar - 21:30

Je voulais pas accabler Eva avec mes propres tourments. Même si elle disait que ça la dérangeait pas, même si c'était sûrement vrai. Je l'aimais beaucoup, et je savais que c'était réciproque. C'était rassurant, un peu, de me dire que j'étais pas non plus toute seule au monde. Qu'il y avait quelqu'un d'autre aussi, que ma famille. Je les aimais de tout mon coeur, de tout mon être, et c'était pour eux que je continuais. Mais nous avions Eva, aussi. Le monde n'était peut être pas fini... Ou alors si, on attendait juste la fin à retardement. Mais on l'attendait pas seuls, à se serrer contre les autres pour tenter d'écraser la peur. Elle me comprenait peut être mieux que d'autres, et en tout cas je lui parlais aujourd'hui plus volontiers qu'à papa. Parce que j'étais trop perdue avec lui. Parce qu'il y a toujours des choses qu'on a plus de mal à dire à ses parents. Mais il restait quand même le seul à savoir pour mon agression. Ca, jamais je pourrai le dire à Eva, à personne, jamais. Quoi qu'il arrive. C'est comme ça. Et mes autres plaies étaient déjà assez importantes, en fait. L'alcool embrouillait mes pensées, sans bien que je m'en rende vraiment compte, et je ne résonnais plus tout aussi clairement. Et je continuais, encore. Si ça se trouve, je vais finir par y prendre goût... IL faudrait que j'évite. Et si papa s'en rend compte... Non, je vais éviter de penser à ça. Je dois éviter de penser à pleins de choses, en fait, mais on peut pas dire que j'y arrive. Je finis par baisser les bras, à force. Ca me demande trop d'efforts. Je préfère regarder mon verre se vider comme une conne, en me disant que ça va peut être changer un truc. Non, ça va rien changer. Pas en mieux. Ni pour moi, ni pour Eva, ni pour personne sur cette planète. Sauf pour Zack peut être, mais Zack c'est pas une personne. Elle tente de me rassurer, de me dire que je n'ai pas de soucis à me faire. Papa m'a dit aussi que tout irait bien, qu'il nous protègerait. Mais ça n'empêche pas que je me sens frêle, faible, mes maigres poings si insignifiants face au monde. J'acquiesce, pourtant. Je ravale ma salive. Cette discussion mène à pas grand chose, en fait.

"D'accord. J'essaye. Je sais que... Merci d'être là, en tout cas."

Je savais plus trop quoi dire, comment le dire. Je savais pas si ça me faisait vraiment du bien, de l'entendre me rassurer. J'étais peut être trop lucide, ou alors trop parano. Ils pouvaient leur arriver quelque chose. Tout pouvait arriver, dans ce monde, dans cet enfer. Et rien ne pourra éradiquer cette peur qui se love au fond de mon ventre, répandant son soufle glaçant en moi. Je dévisage la jeune femme. Elle n'est pas sérieuse. Enfin si, je sais qu'elle l'est. Je sens sa voix trembler, je sens pleins de choses que je n'aimerai pas sentir. Gênantes. J'essaye de pas la regarder. Qu'est-ce que je pourrai lui répondre, franchement ? Je sais même pas. Pourtant, d'habitude, j'arrive à trouver, même si c'est pas terrible. J'avale ma salive.

"Je..."

Plante désespéremment mes yeux dans le fond du verre, que je finis rapidement aussi. Je le fais tourner entre mes mains, d'un air distrait. Comme si la réponse allait être écrite dedans, quoi.

"Eva... Tu as fait ce que tu as pu, je suis sûre. Tu n'as rien à te reprocher. Je.. Je sais que je peux pas faire ou dire grand chose pour arranger les choses, mais je... Toi aussi, tu as droit à pouvoir vivre, s'il reste un espoir. Tu nous as nous, aussi."

Je repose le verre, hésitante, repose doucement mes yeux sur elle.

"J'vais te laisser, si tu veux."
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MessageSujet: Re: Shadow of the day [Livre I - Terminé]   Shadow of the day [Livre I - Terminé] EmptyMar 24 Mar - 23:01

Chloé savait déjà les circonstances dans lesquelles j’avais tout quitté, laissé mon passé derrière moi, mais jamais je ne lui avais avoué ma culpabilité. Elle savait ma tristesse, mon attachement à ma famille et ma difficulté à les savoir loin de moi à jamais, mais je ne lui avais pas dit me blâmer pour tout cela, me considérer comme une meurtrière et même plus, ayant tué ma famille dans son intégralité. Non, je n’étais pas quelqu’un de bien, pas plus que je ne méritais de survivre, contrairement à eux tous. Je n’avais pas prévu de le lui dire, maintenant. Si nous en étions restées à Chloé et à ses confidences, tout aurait été pour le mieux. Mais je sentais bien que j’embarrassais la jeune femme, et ça n’était pas mon but non plus. Le message était de toute façon passé : j’étais là si besoin, que ça soit pour se confier, ou simplement s’isoler de sa famille. Même si la mienne me manquait cruellement, j’étais bien placée pour savoir que, parfois, on étouffait en son sein. Je ne fis qu’acquiescer à ses remerciements, sans rien ajouter. Ni même qu’ils étaient superflus, ce qui était pourtant le cas.

Me levant, je rangeais la bouteille. J’allais probablement la vider seule, après son départ, si je ne l’éloignais pas de moi. Et si j’avais eu la main lourde sur l’alcool dans mon passé d’étudiante, jamais seule, et jamais de manière compulsive, à frôler l’alcoolisme. Même si j’avais abusé bien plus que de raison. Non, je ne boirais pas après le départ de Chloé. Ni même maintenant, encore. J’avais déjà trop bu, trop rapidement. Mais si je ne ressentais aucun effet.

Je levais les yeux vers Chloé, en l’entendant hésiter, chercher ses mots. Qu’allait-elle dire ? Il n’y avait rien à dire. Rien du tout. Je ne pouvais m’autoriser à croire ce qu’elle disait. Encore moins à le souhaiter. Je ne le méritais pas, pas du tout. Je ne voulais pas le mériter, d’ailleurs.

« Merci, Chloé. »

J’étais touchée, plus que je n’aurai du. Ils n’avaient pas à être là pour moi, seule la réciproque devait être vraie. Je devais faire mon devoir, protéger les autres. En dépit de ma propre vie.

« Tu peux rester ici pour la nuit, si tu veux. Être un peu plus… tranquille. »

Je me levais malgré tout, m’apprêtant à aller m’écrouler sur le matelas qui accueillait mon sommeil agité.

|HJ| Tu peux faire la demande de clôture, ou reposter et clôturer, comme tu veux ^^ - Désolée, c’est nul comme RP >.< -
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