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Oui, vous avez voté pour lui. Ou pas d'ailleurs. Il est sensé faire en sorte que tout fonctionne, lui et tous les autres en costard hors de prix. Oui mais voilà, c'est comme ça que ça marche ; un élu suit la volonté du peuple qui l'a plébiscité, et pas son intérêt. La nuance est importante. Au début de l'épidémie, tout était sous contrôle. La quarantaine fonctionnait, les études étaient en cours, un vaccin promis. Vous auriez réagi comment si du jour au lendemain tous les magasins fermaient, que vous aviez plus de vivres, d'essence, d'électricité, que vous perdriez votre emploi confortable, votre maison, tout? Pour fabriquer des munitions ou ériger des fortifications ? Il est plus facile de nier la vérité qu'y faire face ; nos sociétés y parviennent en permanence. Bref. Tout ça pour dire que le gouvernement a fait ce qu'on attendait de lui ; il a géré le problème avec le peu de marge de manœuvre qu'on était prêt à lui laisser sur nos vies. Et voilà le résultat. La crise s'est amplifiée et d'un coup, est devenue hors de contrôle. Pour les deux gouvernements qui nous intéressent dans l'action, on ne peut pas en dire grand chose. Le gouvernement canadien a tout bonnement disparu ; il paraît selon la rumeur que du personnel contaminé se trouvait à bord de l'appareil emmenant tout le monde sur une île au nord, en sécurité. Vous imaginez le résultat... Aux Etats Unis, le gouvernement a fui. La Maison Blanche a été envahie par les réfugiés puis les morts vivants. Le président est à Hawaii, c'est tout ce qu'on sait. Ne comptez pas trop sur vos gouvernants pour vous aider ; l'administration a été dévorée, pillée ou est en déroute dans le plus grand désordre. Il se dit que par endroits, gouverneurs, maires et autres responsables parviennent à maintenir un semblant d'ordre, mais pas ici à la frontière américano-canadienne. En effet, la frontière s'est vite retrouvée submergée lorsque la Côte Est des Etats-Unis a été dévastée par l'épidémie et des millions de réfugiés ont tenté de passer la frontière, razziant les domiciles des maisons rencontrées, se battant entre eux pour la moindre miette capable de les faire tenir quelques jours de plus. La frontière est devenue une large zone de non-droit, plus encore depuis que les barrages douaniers, policiers et militaires, ont cédé face aux innombrables hordes d'infectés. Les choses ne se sont pas mieux passées à l'intérieur du territoire. Quand les contaminés sont sortis en masse des hôpitaux ou des camps de réfugiés, ils ont tout submergé en quelques jours, quelques semaines pour les endroits les plus difficiles d'accès. Toute la région canadienne du Saint-Laurent est un charnier à ciel ouvert désormais, il n'y a plus ordre, ni justice, et plus aucune infrastructure susceptible de fonctionner encore. Ce territoire et somme toute redevenu sauvage.

La question que tout le monde se pose. Quand les tarés ont fait irruption dans les rues, elle était où la police, hein ? Eh bien le problème c'est qu'elle a été décimée très rapidement. Peu au fait de la menace à laquelle elle devait faire face, la police a été saignée à blanc par les premiers jours d'intervention, où elle a assisté des personnes ayant appelé les secours... Mordus en capturant les premiers infectés puis décimés par les zombies de plus en plus nombreux, les flics qui sont pas morts ont mis les bouts, où ont rejoint l'armée. Ce n'est pas vraiment de leur faute ; ils n'étaient ni préparés ni équipés pour ce genre d'interventions. Et quand la menace Z a quitté les hopitaux et les banlieues pour grouiller dans les centres villes, les flics n'ont plus réussi qu'à former des barrages submergés les uns après les autres. De nombreux morts vivants arborent toujours un badge... On peut dire qu'aujourd'hui, la loi et l'ordre ne sont plus qu'un lointain souvenir. Désormais, il n'y a plus de flic. Même ceux qui ont survécu ce sont bien vite reconvertis au pillage, au meurtre ou pire encore. D'autres ont rejoint de longues colonnes de survivants, les contrôlent, les tyrannisent ou jouent le rôle de leaders, surtout en matière de sécurité. Encore que quand on voit les résultats obtenus avant la Grande Panique, la confiance qu'on peut leur vouer n'est fatalement pas absolue...

Quoiqu'il en soit, il n'existe plus aucune forme de protection des citoyens, qui doivent se reposer sur leur propre force pour se protéger.

C'est pareil que la police, sauf que sa préparation et son équipement n'ont pas été aussi performants qu'on aurait pu l'attendre. L'armée canadienne s'est d'abord dispersée auprès des foyers d'infection connus ; hôpitaux, ports, hôtels, camps de réfugiés... Ils se sont fait décimer en quelques semaines dans une guerre d'usure impossible à tenir, malgré le rappel des réservistes et le rapatriement des combattants à l'étranger. Très vite, le gouvernement a abandonné l'idée de tenir toutes les zones car la principale menace venait du sud et des millions d'américains qui trimballaient à leur suite des millions de zombies. Si la frontière ne tenait pas, il ne servait à rien de protéger les villes qui tomberaient dans la foulée. L'armée a donc tenu pendant deux bonnes semaines la frontière avec une efficacité relative, l'Infection faisant de nombreuses percées. Puis d'un coup, submergés, à court d'hommes, d'armes, de munitions et de cohésion, les unités militaires se sont fait submerger ou dérouter par l'ennemi qui ne peut mourir. Toute la technologie de destruction imaginée par l'Homme ne lui a servi à rien ; artillerie, aviation, armes chimiques, rien n'a réussi. Pour endiguer autant que possible la propagation de la horde d'infectés, les militaires ont reçu l'ordre d'abandonner tout l'est du pays et de se replier vers l'Océan Pacifique. Ils ont notamment reçu l'ordre 221, dont la teneur les oblige à abattre les réfugiés qu'ils trouveraient sur leur chemin et qui ne seraient ni à l'abri, ni équipés pour se défendre. Ceci dans le but d'éviter que la horde n'atteigne des proportions gigantesques... L'armée canadienne, comme l'armée américaine, est en déroute vers l'Ouest et a abandonné les survivants à leur sort. Dans leurs blindés et leurs camions, beaucoup étaient en larmes, beaucoup se sont suicidés, après avoir empêché des dizaines de survivants de monter avec eux...

Plus depuis le tout début de l'épidémie, car les hôpitaux, puis les cliniques, maisons de retraite ou pour personnes handicapées, toutes les structures un tant soit peu médicales ont été réquisitionnées devant l'afflux de malades. Au bout d'un jour, la police a dû entrer et tirer au hasard dans des hôpitaux bondés d'infectés et de réfugiés. Au bout de deux, plus rien n'a fonctionné ; les foyers épidémiques se propageaient depuis les hôpitaux, épicentres de la propagation. Les laboratoires ont été ravitaillés et isolés. Certains se sont fait prendre d'assaut par des populations paniquées, d'autres ont subi des incidents plus ou moins désastreux. L'immense majorité n'existe plus, et on ne sait pas s'il existe encore des scientifiques qui travaillent sur le virus... Et même si c'était le cas, comment le produire en quantités suffisantes, comment le distribuer, alors que les infrastructures sont dévastées par la Grande Panique et les personnels décimés par le virus ?

Avoir une voiture, c'est cool. Sauf avec les bouchons monstres. La Grande Panique avant et après la bataille de Yonkers a immobilisé des millions de véhicules aux sorties des grandes villes. Ces voies embouteillées se sont fait ensuite envahir de réfugiés à pied et de contaminés... On peut toujours circuler sur les routes de campagne, mais entre les accidents, bouchons et barrages, il est très compliqué de rouler dans toutes les villes de moyenne importance, et c'est pire pour nos grandes métropoles. Les scooters, motos... Sont bien pratiques, mais ça n'évite plus les embouteillages monstres, et les modèles tout terrain sont fort rares. Plus problématiques, l'essence. Depuis des semaines, il n'y a plus aucun approvisionnement des stations services. Ajoutez à cela des centaines de millions de personnes qui se ruent sur les pompes... Un responsable américain de l'évacuation vers l'ouest s'est même suicidé en laissant une feuille indiquant qu'il n'y avait plus une goutte d'essence entre New York et Denver. L'armée en dispose sans doute encore, mais les dépôts sont bien gardés... Ou remplis de zombies. Se déplacer de manière motorisée est donc difficile, mais pas impossible. Oubliez le cheval ; ça consomme énormément d'eau et de fourrage dont vous manquerez très vite, ça fait un bruit du tonnerre et ça panique. En plus, en monter correctement un n'est pas une mince affaire. Nombreux sont les cow boys modernes et autres prodiges de concours équestres à avoir fini en filet américain avec leur monture. Le vélo, est toujours un bon moyen de circuler... Mais oubliez les bateaux et les avions.

Là encore, c'est difficile. Officiellement, les instructions sont de filer le plus au nord possible pour que l'hiver gèle les zombies d'ici quelques semaines. Le sud est de manière bien trop infecté et la mort est sur les talons des exilés vers le grand nord. Reste le Québec à traverser, donc les hauteurs des Appalaches, les rivières et le Fleuve Saint Laurent. Cette région est d'ailleurs elle aussi largement contaminée. L'endroit recèle quelques prisons, vieux fortins et bases militaires, mais le terrain est relativement ouvert, donc peu défendable. Certains corps de ferme sont cependant parfaits. Sachez en tous cas, que vous êtes dans l'oeil du cyclone, dans une nasse entourée d'un océan d'infectés.

Oubliez les approvisionnements. Les magasins sont fermés depuis plusieurs mois et avant cela ils étaient mal approvisionnés depuis des semaines, car les camions ne passaient plus sur les routes. Les produits frais pourrissent, le bétail s'échappe ou meurt sous les coups de dents de réfugiés ou d'infectés et les stocks sont très faibles. Les zones qui tombèrent le plus rapidement recèlent cependant de très nombreuses denrées ; les occupants n'ont pas eu le temps de les consommer ! Mais de manière générale, il faudra compter sur le pillage, la cueillette et la chasse, pour avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Cela ne veut pas dire que vous allez mourir de faim. Il y a encore beaucoup à ramasser ici et là mais ce n'est pas sans risques ! L'été est encore là, le gibier encore abondant bien que traqué, il reste encore pas mal de bétail ici et là... Mais il ne faut pas perdre de vue le ravitaillement.

   Trois issues possibles, à priori, à cette grande guerre contre l'infection :
   - Le gouvernement se regroupe et contre attaque. Cela prendra des années, mais l'humanité s'en sort. Ou vous rejoignez le gouvernement, ou vous résistez sur place en attendant une hypothétique reconquête dans un futur plus ou moins éloigné.
   - Tout est foutu. Il y a plus personne aux commandes, à part des tarés et des infectés qui pullulent. Il faut survivre au jour le jour, seul avec le peu de gens qu'il nous reste.
   - On ne sait rien du monde extérieur, Zack commence à tomber en miettes. Il est temps de reconstruire... Pour nous mêmes.