Fall of Man
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Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]
MessageSujet: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyMer 14 Jan - 21:12


Mes yeux sont rivés sur le plafond. Je repense une nouvelle fois à notre retour, lorsque nous arrivions qu’à trois seulement. Deux des nôtres étaient morts, et même si on en avait beaucoup appris durant ce périple voyage, il restait le fait que nous avions perdu des gens du groupe. Je n’avais pas pleuré, je ne m’étais pas mis dans un coin, allongé sur un couchage fort peu modeste, construit avec l’essentiel. Autant dire que mon dos s’était habitué au sol dur, compact, et même si cette situation ne m’était pas totalement inconnue, elle était bien différente des missions que j’effectuais. Je cligne des yeux, je sens qu’ils me piquent, que ma vision se trouble parfois, mais rien n’y fait, je ne peux fermer l’œil. Alors lorsque les premières lueurs du jour percent la nuit, je suis déjà debout. Alors que je marche tranquillement, ne croisant personne sur mon passage, une idée germe dans ma tête lentement. Bientôt, je suis déjà à l’extérieur, mon but clairement défini alors que je me dirige vers le nord, vers deux cabanes que j’avais déjà fouillé. Je savais ce que je venais chercher, et j‘étais certaine que cela n’intéresserait personne. Une fois trouver ce que je souhaitais, je fis demi-tour, et en une heure, j’étais de retour. J’avais évité soigneusement les quelques abominations qui trainaient par ci par là, je n’étais pas d’humeur à les tuer aujourd’hui. Non, vraiment pas. Je voulais faire cette course le plus rapidement possible, et en rentrant, je cherchais Neal pour lui faire part de mon idée.

Rapidement, une annonce avait été faite, pas par mes soins, non, j’avais demandé à Neal justement pour qu’il puisse s’adresser aux personnes présentes, et j’avais bien insisté sur le fait qu’il ne devait pas me citer. Je me fichais qu’il s’approprie mon idée, je ne voulais pas que tout le monde sache que c’était moi l’auteur. Pourquoi ? Je ne savais pas trop, je ne voulais pas que l’on me glorifie, ou que l’on vienne vers moi. Que m’étais-je promis déjà ? Pas d’attache ? Je ne savais combien de temps je résisterais si je restais parmi eux. Mais pour l’heure, j’y tenais. Je tenais à mon idée. Alors c’est comme ça qu’un petit coin fut improvisé, avec des photos lorsque l’on pouvait en mettre, ou sinon des vêtements, des affaires ayant appartenues aux personnes défuntes. Chacun saurait à qui cela appartenait, et les gens s’étaient mobilisés pour donner tout cela à Neal et que j’en fasse un coin personnel, où les gens puissent se recueillir. Milla avait sa place également, même si je n’étais pas proche de cette femme, la voir dans mes flashs, dans mes cauchemars désormais me culpabilisait quelque peu. J’organisais donc tout ça la plus discrète possible, avant de positionner des bougies pour représenter chaque personne que j’allumais tour à tour. C’était loin d’être parfait, mais je pensais que cela pouvait plaire à bon nombre de personnes. Lorsque Neal rassembla les gens pour leur faire découvrir, je n’étais pas là, seulement à l’opposé, en train de rêvasser, un couteau glissant entre mes doigts. Ce ne fut que lorsque la luminosité baissa, lorsque la nuit prit place doucement, que je me rendis compte à quel point j’avais été absente. Je me levais donc, empruntais un chemin où je ne croiserais personne avant d’arriver enfin devant mon chef d’œuvre, même si on ne peut l’appeler ainsi ? Je ne savais guère si cela avait plu, ou si au contraire les gens avaient trouvé cela inutile. Quoiqu’il en soit, alors que je ne souhaitais guère m’attarder devant, mes jambes s’immobilisèrent et mon regard parcourra les flammes, avant d’observer tous les objets, fleurs et autres que les gens avaient rajoutés. C’était plutôt positif, non ? Je me tournais finalement pour faire face, j’avais essayé de mettre quelques bouts de bois, une planche, pour que ce ne soit pas à même le sol, mais ce n’était pas plus haut qu’une table basse.

Mon pied s’avança, puis l’autre avant de me stopper de nouveau. Mes yeux glissèrent jusqu’à une flamme et, inconsciemment, ma main s’infiltra dans ma poche pour glisser une photo entre mes doigts. Je pensais à Milla, la culpabilité m’emportait, l’impuissance aussi. Oui, je n’avais rien pu faire pour elle… ou non, j’aurais pu. J’aurais pu abréger ses souffrances, comme je l’avais fait pour mes filles… mes précieuses filles, mon mari. Je sentis presque instantanément une boule remonter le long de ma gorge, ma main se plaqua sur ma bouche alors que je refoulais un cri étranglé, un sanglot. Je ne pleurais pas non, mais cet étranglement signifiait bien plus. Mon autre main se leva, juste ce qu’il faut pour que je puisse découvrir au creux de ma paume cette belle photo… qui n’était plus tout à fait parfaite. Photo de famille que j’avais gardé et que je ne pouvais abandonner, car même si elle me faisait affreusement souffrir, elle me permettait également de ne jamais oublier leur visage…
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyDim 25 Jan - 22:52

J’avais du mal à réaliser. Je crois que j’étais dans le déni. Milla était morte. Elle était morte dans cette expédition suicidaire. On voulait savoir ce qui se passait au Sud, voir le danger qui s’approchait, pour savoir combien on était dans la merde. Ben on avait vu. On était dans la merde jusqu’au cou. Les zombies étaient de plus en plus nombreux, et ils n’étaient pas loin. On en avait attiré une bonne partie vers l’Ouest en fuyant, ce qui était plutôt positif. Et j’étais vivant, ce qui était positif aussi. Contrairement à Milla. Elle, elle était morte. Dévorée par des trucs puants pendant que je fuyais. Pendant que je l’abandonnais sur place. Il y avait deux vois qui se disputaient sans cesse dans ma tête depuis. L’une qui me détestait, et l’autre qui essayait de me convaincre que je n’avais pas eu le choix. Qu’elle était condamnée et que je n’aurai pas pu la sauver. J’aurai dû la convaincre de ne pas participer à l’expédition. Je savais que ce serait dangereux. J’aurai dû la forcer à rester au camp. Mais si j’avais fait ça, quelqu’un d’autre y serait allé à sa place. Et il serait mort à sa place. C’était pas une vie putain. Faire face à la mort chaque jour. Vivre dans la peur que ce soit notre dernier jour. C’était injuste.

L’annonce de Neal m’avait fait un choc. C’était la première fois que quelqu’un évoquait la mort de nos camarades à voix haute. On ne l’avait même pas fait lorsqu’on avait rejoint le camp. Les autres avaient compris en nous voyant arriver tous les trois en silence. Entendre qu’ils étaient morts, ça rendait tout ça réel. Trop réel. Et pas plus acceptable. Mais d’un autre côté l’idée était bonne. Avoir un lieu pour se souvenir de ceux qui n’étaient plus à nos côtés. Ceux qui n’avaient pas la chance, ou la malchance, d’être vivants. Je n’étais pas croyant. Je ne m’étais jamais demandé vraiment ce qui arrivait quand on mourrait. Probablement rien. J’imagine que l’âme s’éteint. Ou éclate comme une bulle de savon. L’instant d’avant il y a un être humain. Puis après il n’y a plus rien. C’est pas vraiment pour les morts, que c’est une bonne idée cet espèce de monument aux morts. Ils nous voient plus, fin je pense pas. C’est pour les vivants. Pour se raccrocher à un truc. Passer le cap. Accepter la mort en attendant la notre.

J’avais donné quelque chose. Une petite peluche que Milla avait trouvé dans les décombres, la première fois qu’on avait parlé. Le moment où elle était passée d’un visage connu, vu à la télé, à une personne bien réelle, avec des sentiments, des doutes. J’étais allé chercher la peluche après que Neal nous ai expliqué son idée. Milla l’avait laissée en espérant que l’enfant la retrouverait. Mais la peluche était toujours à sa place, orpheline. L’enfant était sans doute mort. Comme Milla. Je déposais la peluche juste derrière la bougie qui représentait Milla. Combien de temps elle brûlerait ? On ne pourrait pas gâcher des bougies bien longtemps. Est-ce qu’on oublierait quand il n’y aurait plus de bougies ? J’avais du mal à me dire que je serai capable d’oublier un jour. Pourtant elle ne serait pas la seule que je perdrais. J’en avais pleinement conscience maintenant. Il y en aurait d’autres. Et un jour ce serait moi, cette bougie.

Je n’arrivais pas à dormir. J’étais allongé sur le dos et je fixais le plafond, ressassant encore et encore les mêmes pensées. Me demandant si ça valait vraiment le coup de survivre, si c’était pour voir les gens mourir autour de soi en se demandant quand ce serait son tour. Un léger frottement de tissu me sort de mes pensées. Je tourne la tête et reconnais la silhouette d’Emily se diriger vers notre monument aux morts. J’hésite quelques instants puis me décide à la rejoindre. J’arrive pas à dormir. Ca me fera peut-être du bien de parler à quelqu’un. Je la rejoins en faisant le moins de bruit possible pour pas réveiller ceux qui ont la chance de réussir à dormir. Connaissant Emily, elle va sans doute me repérer à 3 kms. Toujours ultra-concentrée, jamais distraite. Je m’approche doucement, mais elle ne se retourne pas. Sa gorge laisse échapper un son étranglé tandis que sa main vient couvrir sa bouche pour étouffer le bruit. Je pose délicatement ma main sur son épaule en chuchotant.

« Emily ? Ca va ?»
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptySam 31 Jan - 16:26


Comment avais-je pu ne pas verser de larme ce jour-là ? Comment avais-je pu m'enfuir, avancer et survivre ? Même encore maintenant, les larmes ne venaient pas. Pourtant, elles signifiaient la tristesse, le chagrin, la culpabilité, toutes les émotions négatives. Mais elles ne venaient pas chez moi, la douleur était trop importante, trop présente, je vivais avec. Je ne voulais pas non plus craquer, car je ne voulais pas que l'on me rassure, que l'on ait pitié de moi, je ne le méritais pas, tout simplement. Alors lorsque ce cri étranglé sortit de ma bouche, je ne pus qu'essayer de l'étouffer avec ma main qui se plaqua sur mes lèvres. Mes yeux ne pouvaient quitter ces visages si précieux, si familiers. Cela me faisait du bien de voir leur visage, malgré le fait que je ressentais cette souffrance dans ma poitrine, comme si un étau l'avait emprisonné. Finalement, je me demandais si tout ça en valait la peine, si mon idée avait été bonne ou non. Je fus prise d'un élan soudain de colère, semblable à un volcan en irruption, j'avais une forte envie de tout saccager, d'éteindre ces bougies et de tout faire valser. Je restais un moment à ressentir cette colère en moi, ne bougeant pas d'un pouce, ma main toujours plaquée sur ma bouche, comme si j'étais totalement ailleurs. Et je l'étais. Mon pied s'engagea, et je sentis une main sur mon épaule. Je n'entends pas sa voix, je me contente de laisser ce réflexe guider mes gestes. Ma main emprisonna son poignet pour le retourner violemment alors que je fis volte-face et le prendre à la gorge d'une telle ampleur qu'il tomba en arrière. Je l'accompagnais dans l'élan alors que je l'avais plaqué dos au sol, ma main sur son cou et mon autre main tenant fermement son bras au sol. Il ne me fallut que quelques secondes, mais lorsque je vis son visage, mes traits s'adoucirent pour laisser place à la surprise et à la honte. La culpabilité m'envahissait. Je venais de... Mes mains relâchèrent leur prise alors que je me laissais tomber, fesses contre sol.

« Mon dieu Pelleas je suis désolée. Je... je ne t'ai pas entendu, tu... » Je déglutis, ne sachant trop que faire. Nous ne nous connaissions pas plus que cela, mais je l'avais tout de même bien agressé. « Tu... n'as pas trop mal ? » Comment pouvais-je tourner cette phrase autrement, je ne pouvais pas lui dire si ça allait, j'imaginais que non au vu de la chute qu'il venait de faire, ou que je lui avais fait subir plutôt. J'étais cruellement honteuse, mal à l'aise. Je me demandais quel retour j'allais avoir, mais quoiqu'il en soit, je méritais s'il se mettait en colère. Alors que je baissais les yeux, mon regard glissant jusqu'à mes mains, c'est là que je me rendis compte que je ne la possédais plus. Ma photo s'était perdue en cours de route. Soudain, c'est l'affolement, je commence à chercher autour de moi, totalement paniquée. Je remue la terre, la poussière, fais des tours avant d'enfin l'apercevoir. Je ne me calmais que lorsqu'elle était entre mes doigts. Je soupirais profondément, comme si ça avait été une question de vie ou de mort. À genoux, je me retournais pour faire face de nouveau à Pelleas. « Je ne sais pas ce qui m'a pris, vraiment. Ce n'était pas intentionnel, mais... » Aucune excuse, aucun mot ne me vint, je me contentais de me calmer, de l'observer et de garder précieusement la photo au creux de ma paume.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyJeu 5 Fév - 22:40

Je m’attendais pas à ce genre de réaction. D’un coup je sens une douleur dans mon poignet. Celui-là même que je m’étais foulé pendant la panique lors de mon début dans ce monde de dingues. Je grimace et lâche un petit cri de douleur. Elle me fait baisser le bras et me prend à la gorge. Sans que j’ai le temps de faire quoi que ce soit je me retrouve au sol, les yeux écarquillés et le souffle complètement coupé. J’essaie de parler, mais ma gorge encore sous le choc n’arrive pas à sortir les mots.

« J… C’… oi… Paul… Em… mal »

Je vois dans ses yeux qu’elle me reconnait enfin. Elle me lâche, et s’assoit sur le sol à côté de moi. Je me redresse, une main sur la gorge pour essayer de calmer la douleur. J’avale douloureusement, et essaie de lui répondre.

« Je… C’est pas grave. C’est ma faute, j’suis désolé j’aurai dû te laisser. »

La douleur dans ma gorge se calme assez rapidement. Plus le choc qu’une véritable douleur finalement. En revanche le poignet qu’elle a tordu me lance. Je le masse avec mon autre main. Il va falloir que je fasse gaffe. Deux fois au même endroit ça fait beaucoup. Faudrait pas que je le casse.

« Ca ira. Juste mon poignet. Mais il était déjà fragile avant ça. Faudra juste que je fasse attention. Genre que j’arrête de m’inquiéter pour toi quand tu t’isoles en pleine nuit. »

Une petite pique. Un vieux réflexe pour dédramatiser. Mais ma vanne tombe à l’eau. Emily se met d’un coup à chercher quelque chose, fouillant frénétiquement autour d’elle. Je regarde un peu autour de nous. Mais vu que je ne sais pas ce qu’elle cherche, je vais avoir du mal à l’aider.

« Tu cherches quoi ? »

Pas de réponse. Elle continue à fouiller, l’air paniquée, avant de s’immobiliser, une photo dans les mains, à genoux dans la poussière. Elle me regarde et s’excuse de nouveau.

« C’est pas grave, vraiment. Ca va toi ? C’est quoi cette photo ? C’est l’une des photos de nos disparus ? »

Je ne voulais pas vraiment être indiscret, c’est juste que ça avait l’air important pour elle. Et vu l’état dans lequel elle semblait être ça pouvait peut-être lui faire du bien de parler un peu. De vider son sac.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptySam 7 Mar - 12:42


Même le cri n'était parvenu à mes oreilles, même son visage ne m'avait pas frappé. Mon cerveau avait traduit cette surprise comme sur le champ de bataille, un ennemi. Paul avait subi mes réflexes, les mauvais réflexes. Heureusement, je ne lui avais pas fait pire que le plaquer au sol ou lui faire mal au poignet avec ma clef de bras. Je m'étais arrêtée à temps. Mais pourquoi diable avait-il été aussi silencieux et qu'il m'avait touché l'épaule ? Je ne m'attendais pas à cela de sa part, peut-être de la part de Chris, mais je n'aurais jamais pensé à Paul. Je suis consternée alors que j'essaie d'articuler quelques mots pour savoir comment il va, et aussi pour m'excuser. Je voulais savoir si je ne lui avais pas fait trop mal, mais je n'avais pas entendu les os craquer, ce qui était plutôt bon signe. La faim, la fatigue m'empêchait d'être opérationnelle et au meilleur de ma forme. Pelleas avait eu de la chance, certainement. Mes yeux le fixent, mais je suis ailleurs. Et pourtant, j'observe sa main qui masse son cou, inconsciemment. Je ne sais que répondre à ses mots. Il aurait dû me laisser ? J'avais envie de répondre positivement, parce que je ne veux que personne ne me voit comme ça, je ne veux pas laisser cette faiblesse m'emporter devant quiconque. Mes yeux se posent sur son poignet qui a dû prendre un peu plus que son cou finalement. Il me confirme qu'il avait déjà quelque chose avant, mes sourcils transparaissent l'émotion qui me submerge, soit la culpabilité. Mais quelque chose me frappe encore plus, lorsqu'il dit s'inquiéter pour moi. Je fronce légèrement les sourcils, comme si je ne parvenais pas à comprendre ce bout de phrase qui était pourtant très facile à analyser.

« T'inquiéter ? Pourquoi tu t'in... »

Et puis je me bloque, la panique m'emporte alors que je cherche désespérément la photo que je n'ai plus en main. Il doit me prendre pour une folle, comment me regarderait-il après cela ? Une femme qui perd la tête ? Je la retrouve enfin, et l'ouragan se stoppe presque aussitôt, je retrouve un peu plus mon calme, une respiration toujours rapide, mais beaucoup moins anarchique. Je n'ai pas entendu sa question précédemment posée, étant focalisée à la recherche de cette photo si précieuse. Des mots d'excuse, encore. En réalité, il ne doit pas véritablement me reconnaître sous cet aspect de ma personnalité. Nous avions fait deux expéditions ensemble, dont une qui s'était très mal terminée, mais jamais je n'avais montré ce côté-ci. Il y a un début à tout, et cela prouve que je ne suis pas aussi forte que cela, que je n'arrive pas aussi bien à me maîtriser que je le voudrais. Ni à oublier ce que j'ai dû faire.
Je laisse la photo au creux de mes mains, les décalant vers l'avant pour pouvoir glisser mes yeux sur ces doux visages.

« Je... ne sais pas trop. » Que pouvais-je lui répondre d'autres ? Je ne pouvais plus réfléchir, ma conscience était dans une espèce de léthargie incessante. « C'est... » Ma voix se brise, une boule dans ma gorge qui remonte et me fait souffrir. « C'était... » Je m'arrête encore, avant de laisser mes mains tomber sur mes cuisses, cachant la photo alors que mes yeux vagabondaient dans la poussière du sol. « Ce n'est plus rien... » Je fourre la photo dans ma poche arrière de mon jean avant de me rapprocher de Pelleas. Je tends mes mains doucement vers lui, comme si j’essayais de ne pas être trop brusque pour lui éviter d’avoir peur. Peur de moi peut-être aussi. « Montre-moi ton poignet. » ajoutais-je, la voix plus calme mais légèrement brisée.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyMar 24 Mar - 19:09

Je ne reconnais pas celle que j’ai devant moi. Elle que j’ai toujours vu avec la tête sur les épaules, pensant à tout, et prudente comme pas possible. J’avais l’impression d’être un gros boulet quand je partais en mission avec elle en comparaison. Bon je dis pas, j’suis sans doute un boulet en terme de baston, peu importe avec qui on me compare. Mais quand je la vois se déplacer et fouiller les pièces, ça a rien à voir avec moi. Et là elle a l’air complètement paumée. Et je sais pas pourquoi mais ça me met un brin mal à l’aise. Comme si je perdais un peu mes repères.

Même quand c’est la merde je crois qu’on a tous un peu tendance à essayer de se rattacher à certaines choses. Une certaine routine par exemple. Aller chercher de l’eau. Nettoyer un peu ses fringues. Discuter avec d’autres survivants. On commence à s’habituer aux autres, à ceux qui sont là tous les jours. On compte sur eux, on s’habitue à leur façon de parler, à leur façon d’être. Alors quand quelqu’un disparaît, ça nous chamboule. La mort de Milla m’a déjà pas mal perturbé, et là le comportement d’Emily ne m’aide pas à me rassurer.

Je lui demande gentiment ce que c’est sur la photo. Je ne vois pas très bien, il fait sombre et j’en suis plutôt loin. Mais je vois bien que quoi qu’il y ait dessus, c’est important pour elle. D’ailleurs ça se confirme alors qu’elle me répond en hésitant, les yeux dans le vague. C’était. C’est assez clair, surtout vu les conditions actuelles. Sans doute un proche qu’elle a perdu dans la panique générale. Nos morts ont peut-être fait remonter ça à la surface. J’ai envie de lui poser quelques questions, d’en savoir plus. Pour pouvoir lui montrer que ce n’est pas sa faute, et qu’elle n’y est pour rien. Et que je comprends qu’elle se sente si mal. Mais elle range promptement la photo dans la poche arrière de son jean sans me donner l’occasion de lui demander à la voir, coupant court à la discussion.

Elle tend les mains doucement vers moi en me demandant à voir mon poignet. J’obtempère et le lui tend. Elle ne verra sans doute rien, pas avec cette lumière, et il n’y a de toute façon pas grand chose à voir à mon avis. Il a peut-être un peu gonflé, ou il un peu rouge. Il n’y a pas grand chose à y faire, à part essayer de le reposer, ce qui n’est pas évident vu que tout le monde doit aider au camp, même les blessés. Alors c’est pas avec un poignet un peu tordu que je vais discuter ça et faire ma feignasse. Ce serait mal pris. Je la laisse quand même regarder, puis je lui dis.

« Je sais que t’as pas envie d’en parler là maintenant, mais si tu veux le faire un jour, je suis là. Je suis pas doué pour poutrer des zombies, mais je peux servir au moins à ça.»


Je serre les dents alors qu’elle appuie légèrement sur ma blessure, essayant de cacher ma douleur, mais n’ayant pu empêcher un léger mouvement pour retirer ma main, qui ne lui a sans doute pas échappé.

« C’est rien, t’inquiète. Il doit juste être un peu tordu. Ca va passer. »
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptySam 28 Mar - 21:55


Je me sens étrange. Je suis vraiment gêné qu'il puisse me voir dans cet état, presque honteuse. J'aurais voulu qu'il garde de moi l'image de la femme assez sûre d'elle, un tant soit peu réservée et ne décochant des sourires que très rarement, mais au moins, je maîtrisais les choses. Je maîtrisais mes émotions, ma gestuelle, mes regards, mes traits de visage. Combien même j'arrive à reprendre un semblant de sérénité, même si ce mot était peut-être un peu trop fort, je n'étais point sereine. Disons... plus calme. Je ne lui mâche pas le travail, s'il avait voulu m'aider, me questionner ou tout autre chose, un geste d'affection peut-être ? J'avais arrêté déjà la discussion avant même qu'elle n'ait commencé. Ce n'est pas qu'il est le mauvais gars, ce n'est pas cela, je ne veux pas me laisser aller. C'est impossible. Toute ma volonté, toute ma survie repose sur le fait que je m'étais dit que je ne devais pas pleurer sur mon sort. Je méritais tout ce qu'il m'arrivait, je méritais de ne pas dormir la nuit à cause de leur visage qui me hantait, je méritais de souffrir de cette culpabilité, d'avoir tant désiré mourir à leur place. Le seul réconfort s'arrêtait à mon geste... une balle pour chacun d'eux, en pleine tête, pour abréger leur souffrance et qu'ils ne deviennent pas des zombies. J'avais perdu tout ce qui m'était précieux en ce monde. Que restait-il franchement ? Rien. Alors je m'isole, je me coupe de tout sentiment, et j'ai l'impression que des brèches s'ouvrent en moi petit à petit. Il faut absolument que je les referme au plus vite.

En lui demandant de me montrer son poignet, j'avais réalisé qu'il aurait pu refuser, de peur que je lui torde de nouveau. Mais j'étais plus calme, cela se lisait dans mes yeux. Il décide d'accepter et je prends aussi délicatement que possible son poignet, histoire de ne pas lui faire peur et qu'il ne pense pas que je vais de nouveau lui faire une clé de bras. Alors que j'observe son poignet, constatant qu'il n'y a qu'un léger œdème, mes doigts se crispent légèrement alors que j'entends ses mots. Je croise son regard, avant de me concentrer de nouveau sur son poignet.

« Je suis désolée que tu aies dû subir mes vieux réflexes. En cas de surprise, je n'ai pas le temps de réfléchir, ça vient tout seul. » Mon ton était étrangement posé, presque trop monocorde, cachant un maximum ce que je ressentais. « C'est gentil de ta part, mais ça va vraiment. Juste une babiole que j'ai envie de garder. » Je bouge son poignet, délicatement dans un sens puis l'autre, le testant dans toutes ces amplitudes. « Je pense que tu es plus doué que la plupart des gens, tu as dû t'améliorer depuis, non ? » Je change de sujet, lentement mais sûrement. Mais je ne le prends pas pour une personne stupide, il est intelligent, il a déjà sûrement compris pour la photo, et fort heureusement, il n'a pas vu les personnes la représentant. Je ressens une légère crispation de sa part, puis je commence à me lever. « Ça va passer oui, mais il faut au moins bander ton poignet pour le maintenir le temps qu'il se rétablisse. Viens, je vais te montrer comment faire, il doit me rester une bande ou deux dans mes affaires. » ajoutais-je alors que je me tenais à présent debout. J'attendais presque son accord pour qu'il me suive, je ne voulais pas l'obliger à quoi que ce soit, mais j'essayais de me racheter, en quelque sorte.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyMer 22 Avr - 21:30

Lorsqu’Emily évoque ses « vieux réflexes », je ne peux pas m’empêcher de me demander à quoi elle fait référence exactement. J’ai déjà pu observer qu’elle a une vraie méthode, lorsqu’on est partis en expédition ensemble. Elle ne laisse rien au hasard, comme si elle avait appris tout ça en quelque sorte. Enfin j’imagine qu’elle n’a pas eu des cours sur « comment survivre à une invasion de zombies ». Mais vu ses méthodes et ses réflexes, elle a forcément eu une forme d’entraînement. Dans l’armée peut-être ? J’ai vraiment envie de lui poser la question, même si je suis presque sûr qu’elle ne me répondra pas, voir qu’elle se refermera sur elle-même. Elle parle très peu d’elle, et je ne pense pas que ça changera ce soir. Elle me le confirme d’ailleurs en affirmant que ce n’était qu’une babiole sans importance.

Elle me propose de le bander pour aider à l’immobiliser. J’y ai déjà pensé évidemment, mais je n’avais pas vraiment le matos, et je n’ai pas osé demander. Pas envie de passer pour un pleurnichard, surtout aux yeux de Neal. Mais à force de rien dire et de forcer dessus, ça ne va pas m’arranger. Surtout si une de mes propres compagnonnes de groupe me tord le poignet à cause de ses « vieux réflexes ».

« Ah oui pourquoi pas, si tu veux bien me prêter tes bandes, c’est pas de refus. »

Je me lève en m’appuyant sur mon autre main, un peu déséquilibré en me relevant, mais heureusement je ne me casse pas la figure. Je garde le silence en la suivant. Je ne lui poserai pas les questions qui me brûlent les lèvres. Pas ce soir en tous cas. J’ai l’impression qu’on commence à s’entendre tous les deux, et j’ai pas envie qu’elle me fuie parce que je m’incruste dans sa vie privée. Je dois être maso en fait. La meuf me tord le poignet et moi je fais gaffe à ne pas la faire fuir. Cette pensée me fait sourire, dans l’obscurité de notre camp de réfugiés improvisé où tout le monde dort. Tout est calme et tranquille. En contraste avec les horreurs qu’on a vécues ensemble quelques temps auparavant.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyVen 8 Mai - 12:33


J'aurais été avec mon mari et mes deux filles, tout aurait été différent. Je ne suis pas du genre à être autant réservée, autant traumatisé. Mais lorsqu'il s'agit de la famille, d'un lien si fort, on ne peut qu'être brisée, notre cœur ébréché d'un lien si fort et si puissant. Je me demande finalement pourquoi je tiens à garder cette photo qui s'abîme de jour en jour. Pourtant, j'essaie de la préserver, mais rien n'y fait, le temps joue contre elle. J'ai l'impression d'oublier ces doux visages, et cette photo me rappelle à quel point je les aimais, et à quel point je les ai abandonnés et tué sauvagement. Cette vision me hante nuit comme de jour. J'ai l'impression parfois de rêver en plein jour, de me retrouver de nouveau dans cette scène affreuse, et puis je me réveille. Parfois, je me dis que je perds la tête, que la folie s'empare peu à peu de ma conscience et de mon être. J'ai été folle ce soir, parce qu'un réflexe a failli briser le poignet d'un homme, et que j'ai cherché désespérément cette photo par terre, telle une femme complètement déboussolée. Si après cela, Pelleas revenait me voir, j'allais être chanceuse. Déjà que je voyais quelque regard méfiant à mon encontre, si je faisais fuir également ceux qui osaient venir à mon encontre, j'allais décidément finir isolée. Je pensais finalement à Chris, et je me disais qu'il serait certainement le seul à ne pas me laisser dans un coin. C'était... perturbant. Oui, c'était le mot le plus juste.

Je n'ai pas envie de lui parler, je n'ai pas envie de parler tout court de toute façon. Si on ne m'y force pas, vraiment, je pense que je garderais tout pour moi, définitivement. Cela me ronge, mais je ne veux en aucun cas partager cette douleur avec quelqu'un. Le jugement est quelque chose que je ne supporterais pas en plus du fait d'être incomprise. Je n'ai besoin de personne, je me le répète sans cesse, comme un disque rayé répétant en boucle une partie d'un morceau. C'était pareil pour moi, pour que je puisse l'assimiler, mais au final, toute personne n'est faite pour vivre seule éternellement. J'essayais de me rattraper en lui proposant de lui bander son poignet, lui faire un espèce de strap même si nous n'en possédions pas. Je savais que j'avais des bandes, c'était mieux que rien. Il n'avait pas l'air réticent, alors, par un mouvement de main, je lui indiquais de me suivre. Je le guidais jusqu'à mon petit coin. Il n'y avait pas grand-chose, un duvet que j'avais récupéré et des affaires que je mettais dedans lorsque je partais, mais généralement, je ne les laissais pas souvent. De peur qu'on me vole sûrement, ou que quelqu'un ne fouille mes affaires. Je préférais toujours tout emmener avec moi, puisque je n'avais pratiquement rien, tout était essentiel finalement. Je m'asseyais sur le duvet, invitais Pelleas à faire de même alors que je cherchais dans mon sac le fameux bandage. Une fois trouvé, je me rapprochais de lui et tendais ma main pour qu'il me donne son poignet. « Je vais te montrer comment faire, au cas où il se déferait, ce qui n'est pas peu probable, car j'imagine que tu ne vas pas rester ici à te tourner les pouces. » Puis, je lui indiquais comment procéder, entourant son poignet lentement, prenant la commissure entre pouce et index pour au final ressemblé à peu près à une attelle. « Et voilà. Tu peux garder la bande, j'en ai une autre et je pourrais m'en faire d'autres avec du tissu. Essaie quand même de ne pas trop utiliser ton poignet, même si c'est un conseil difficile à tenir. Nos mains sont précieuses, même si elles ne sont pas les seules. » En effet, il valait mieux posséder tous nos membres pour pouvoir nous défendre convenablement. Je n'arrive pas à imaginer si jamais on devait m'amputer ou si j'étais assez blessée pour ne servir à rien. Je pense que la mort serait la meilleure solution. « J'espère que je ne t'ai pas dérangé, peut-être voulais-tu aller à cet « autel » improvisé ? » Tout à coup, ça me vient, car oui, peut-être voulait-il se recueillir ou tout autre chose. Au final, je l'aurais bien embêté ce soir, en plus de lui avoir presque pété le poignet.
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyLun 11 Mai - 22:55

Elle m’emmène vers les lits, en silence. J’aurai pu trouver ça excitant, mais même pas. Je savais que c’était pas vraiment le genre d’Emily, même avec le peu que je savais d’elle. Et le fait qu’elle venait de me faire une clé de bras devait aussi aider à garder mes envies pour un autre moment, et une autre fille. Bref, je ne pense pas qu’on ait réveillé qui que ce soit. Emily m’invite à m’asseoir sur son duvet. Je m’y installe en tailleur, faisant gaffe à ne pas trop m’appuyer sur mon poignet.

« Ca marche je t’écoute. »

Je l’observe mettre en place la bande élastique. C’est à peu près comme ça que j’aurai fait je pense. Mais tout seul c’est galère, donc c’est cool qu’elle le fasse pour moi. En plus elle me laisse la bande. C’est vraiment sympa.

« Merci pour la bande. Et pour m’avoir montré. »

J’ai quand même un peu envie de lui demander ce que je peux faire pour la remercier en tapotant son duvet, mais je sais qu’elle va pas le prendre super mal. Donc je garde ma blague pour moi. Un ronflement vient briser le silence. C’est fou qu’on arrive à se sentir autant en sécurité dans ce lieu. Pourtant c’est pas grand-chose. Mais être tous ensemble nous aide à nous sentir bien. Et il y en a même qui arrivent à dormir profondément. Sa question me sort de mes pensées.

« Non il n’y a pas de soucis. En fait j’arrivais pas à dormir. Et je t’ai entendue. Je venais voir si tu avais envie d’en parler. Je ne t’ai pas vu je crois tout à l’heure. Ca va depuis notre… sortie ? »

Me souvenant de sa réaction et sa façon d’éviter mes questions, j’ajoutais.

« Je… Je te force pas si tu veux pas m’en parler. Je vais aller me coucher de toute façon. J’veux juste que tu saches que je suis là si tu veux parler. »

Bon allez, une petite blague. J’ai retenu les sous-entendus, je peux au moins faire une petite blague.

« Enfin si c’est pour t’entraîner aux clés de bras, je préfèrerai que tu vois avec quelqu’un d’autre, hein. »
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] EmptyDim 24 Mai - 10:41


J’avouais que depuis notre sortie, depuis que nous avions perdu l’un des nôtres, et désormais cet événement avec Pelleas, je devais bien me résoudre à me dire que j’étais vraiment dangereuse. C’est peut-être pourquoi je n’étais toujours pas à l’aise avec les gens, de peur de leur faire du mal inconsciemment. Je me prouvais à moi-même que je n’avais peut-être pas ma place dans ce camp. La balance entre l’utilité et la dangerosité penchait véritablement vers un côté, celui qui ne me plaisait pas vraiment. Mais bon, c’était ma carapace, mon échappatoire, le seul truc qui me faisait aller de l’avant. Survivre, tout simplement. Je fais de mon mieux alors pour essayer de rattraper les dégâts, même s’il devait avoir quelques contusions au niveau de différents ligaments du poignet. J’espérais que cela allait passer vite, mais de nos jours, une blessure pouvait vous coûter la vie. Encore plus lorsqu’elle atteignait les jambes ou les mains. Ça affectait la fuite et la défense, chose cruciale en ce bas monde chaotique.

« Pas de soucis, si tu as un quelconque problème, tu peux venir me voir. Enfin, si tu en as toujours envie, bien sûr. » Je fais une pause alors que je plonge mes yeux dans les siens. « Essaie simplement de me prévenir oralement si tu arrives derrière moi la prochaine fois. Je ne suis pas sûr que je puisse te promettre de ne pas recommencer. » Autant être franche, car, oui, je ne pouvais pas lui dire que je ne recommencerai pas. C’était plus fort que moi, les réflexes vous sauvaient la vie lors de missions, ils me sauvent encore aujourd’hui. Même dans ce camp, je ne me sens pas en sécurité. C’est un fait, je l’avoue. Je détourne les yeux, tranquillement, alors que j’observe les alentours. Je ne sais pas trop quoi lui répondre, sincèrement. Et je fus ravie de ne pas lui avoir répondu aussitôt, car je me serais gentiment défilé. Là, il me donnait déjà le choix de la fuite, de la non-réponse. Je ne pouvais que m’en satisfaire. « Merci Paul… j’y penserais. » Je lâche un léger rire à ses derniers mots. Au moins, il terminait sur une note légère. « T’inquiètes pas, tu ne seras pas mon cobaye. » Je rangeais les affaires dans mon sac. « Essaie de te reposer. » Parce que bonne nuit ne voulait plus rien dire dans ce monde. Qui faisait réellement une bonne nuit ? Il fallait plutôt encourager les personnes. Moi-même, j’allais m’allonger tranquillement, et je fixerais le plafond jusqu’à l’aube.

Hj:
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MessageSujet: Re: Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé]   Parce qu'il faut bien une pensée pour tous ces morts. [Livre I - Terminé] Empty

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